À propos de cette édition

Éditeur
Planète rebelle
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Cabinet du docteur K
Pagination
15-35
Lieu
Montréal
Année de parution
2001

Résumé/Sommaire

Une fillette est attirée par un vieil homme noir chez qui elle s’arrête fréquemment en revenant de l’école avec ses deux copines. Il lui raconte des histoires qui la transportent dans des mondes imaginaires. Informés de la chose, les parents de Josée lui interdisent de revoir l’homme. Un jour, pourtant, elle retourne dans la maison du vieillard qui sait comment arrêter la pluie et fabriquer la poussière d’arc-en-ciel.

Première parution

Poussière d'arc-en-ciel 1993

Autres parutions

Commentaires

Cette version de « Poussière d’arc-en-ciel » est très différente de celle qui a paru dans Vidéo-Presse en 1993. L’auteur l’a enrichie d’une histoire dans l’histoire. Il s’agit avant tout d’un texte sur la transmission, deux fois plutôt qu’une, d’un vieillard à une enfant. C’est aussi une mise en garde contre l’égarement de la société, prompte à oublier le passé, à négliger son humanité et à domestiquer l’imaginaire.

La nouvelle se déploie en deux récits parallèles qui se font écho mutuellement et se répondent. Construits de façon symétrique, ils appartiennent à deux univers différents : un registre réaliste, mâtiné de réalisme magique, d’une part, un univers de science-fiction pour le récit mis en abyme, d’autre part. Pour celui-ci, Stanley Péan emprunte à la tradition du conte – l’amorce se fait au moyen de la formule consacrée « Cric ! Crac ! » alors que le griot bourre sa pipe comme dans les contes de Louis Fréchette – pour brosser le portrait d’une société du futur coupée de la nature et très contrôlante.

Pour ajouter au côté subversif du récit, le vieillard qui révèle à la petite Valérie qu’il existe au-delà de la cité de plomb et de plexiglas qu’est FrigiCité un monde où les fleurs poussent, où on peut se baigner dans l’eau, a pour nom… Lucifer. Allusion, certes, aux contes traditionnels québécois, mais surtout à la signification du nom, « Porteur de lumière », comme le rappelle Péan.

Le conte dystopique est une extrapolation du présent de Josée. Comme Valérie, son alter ego, Josée prend conscience, grâce aux mots du vieux griot qu’elle fréquente, de la richesse de l’imaginaire et de l’importance de garder son âme d’enfant pour lutter contre le conformisme ambiant, l’avancée aveugle du progrès et la déshumanisation de la société. Les pressions sociales qui s’exercent sur l’individu pour qu’il entre dans le moule auront-elles raison de la résistance de Josée ?

Stanley Péan croit davantage dans le pouvoir de l’imaginaire, confiant que la dissidence de Lucifer portera fruits, que dans les vertus de la réalité. La résistance de Josée devenue adulte semble bien faible à la fin, d’autant que le souvenir des événements commence à s’estomper. 

« Poussière d’arc-en-ciel » est un texte touchant et beau, un éloge de la sagesse des vieillards, dépositaires d’une mémoire qui pourrait éviter bien des dérives à l’humanité. Si la forme se réclame de la tradition littéraire québécoise, le fond traduit pleinement l’héritage culturel haïtien de Péan par le respect que le texte porte aux aînés. [CJ]