À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 95
Pagination
5-7
Lieu
Hull
Année de parution
1991
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Il ne sert plus la race des Intelligents ; ses seuls amis sont les ours, des robots produits par la Ligue de Fer. Avec Joe et Saint-Georges, il vagabonde dans la ville en ruines en évitant les Éphèbes dont la beauté dissimule la cruauté…

Il se rend à l’église, espérant comme toujours que son adorée le regardera. Cette fois-ci, enfin, elle tourne vers lui son visage. Il en naît un serpent, qui l’enserre et le transforme. Maintenant le cœur de sa princesse bat dans sa propre poitrine.

Et quand il lève les yeux vers la lune, il sait que jamais plus elle ne s’effacera de sa mémoire.

Commentaires

« Le Presque idiot » est un texte un peu difficile à classer : si son ambiance est fantastique, le décor sur lequel se jouent les éléments d’irréalité en est
un de science-fiction. Ceux qui le prendront comme relevant strictement de l’un ou l’autre genre seront peut-être irrités de ne pas voir leurs attentes satisfaites.

On aura vu au résumé que ce texte ne raconte pas tellement une suite d’événements ; il offre plutôt un ensemble d’images assez déroutantes, un accord complexe et étrange plutôt qu’une mélodie.

Le langage est en même temps un des atouts de cette nouvelle et un point faible. Il aide beaucoup, non pas à établir, mais à accepter l’atmosphère d’étrangeté : l’absolue rigueur de sa grammaire et la complexité de sa structure agissent comme une charpente sur laquelle peuvent se déployer les “visions” du texte. Si certaines de ces “visions” sont des idées brillantes qu’un lecteur averti peut décoder dans une certaine mesure (la fonte-liège qui constitue le squelette des ours est sans doute la mousse de métal dont on parle depuis longtemps), d’autres sont des éléments sans explication disponible (Qui sont les Éphèbes, par rapport aux Intelligents ? Que sont ces machines dans l’antre de Saint-Georges ?) et d’autres enfin semblent être de pures hallucinations schizophrènes du narrateur. J’avoue que j’ai tendance à voir de la facilité dans l’absence de charpente narrative, tout en reconnaissant que l’effet est indéniablement réussi.

Malgré tout, le niveau de langue paraît un peu beaucoup châtié par endroits, surtout pour un « presque idiot » qui ne semble posséder aucune culture – si l’écriture au « je » procure un sentiment de complicité, elle rend plus difficile à justifier la voix narrative.

Somme toute, un texte frappant, intense, mais quelque peu obscur. À prendre ou à laisser… moi, je prends. [YM]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 117-118.