À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Les Publications Ianus
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Samizdat 24
Pagination
7-13
Lieu
Montréal
Année de parution
1993
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Les Adaptés, des humains dont le métabolisme a été modifié par le scientifique Isao Taguchi pour qu’ils puissent s’adapter au climat extrême de Géhenna, ont profité d’une panne électrique pour se sauver du camp où ils étaient confinés. Les soupçons de sabotage ou d’erreur humaine se portent sur le nouveau technicien, Todd Coyles. Et si c’était plutôt le responsable de l’expérience ratée qui était à l’origine de la fuite des Adaptés ?

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Commentaires

Jean-Louis Trudel renoue avec la planète Géhenna qu’il a évoquée la première fois en 1987 dans « Les Proscrits de Géhenna ». Le récit de « Procruste » se situe à une époque antérieure, au moment de la première tentative de colonisation de la planète. Il est intéressant de lire ou relire la première nouvelle, mais ce n’est pas essentiel, « Procruste » se suffisant à elle-même.

Les principales caractéristiques de la planète y sont à nouveau exposées : températures extrêmes dans une même journée, vents violents, journée terrestre de soixante-dix heures. Sur ce canevas, l’auteur effleure un des grands thèmes de la science-fiction : l’adaptation de l’humain à un environnement hostile. Or, Isao Taguchi a commis une faute professionnelle dans le processus de modification du métabolisme qui devait permettre aux premiers colons de survivre sur la planète. On y lit entre les lignes une critique de la science trop souvent subordonnée aux impératifs commerciaux.

L’ombre d’Isaac Asimov plane au-dessus de ce texte, ne serait-ce que par l’évocation d’une Ligue Marchande qui serait aussi responsable que Taguchi de l’échec du projet. Trudel se livre en fait à un rééquilibrage de la perception des valeurs humanistes qui animent les deux protagonistes principaux. Todd Coyles, le technicien nouvellement arrivé de la planète Aquaria, est moins idéaliste qu’il veut bien le faire croire, tandis qu’Isao Taguchi est moins insensible au sort des Adaptés qu’il n’y paraît.

Trudel succombe par contre à cette mode qui consiste à utiliser des personnages légendaires de l’Antiquité pour résumer symboliquement une situation, comme aime le faire Élisabeth Vonarburg, par exemple. Procruste n’est pas le plus connu de ces personnages et, qui plus est, la transposition ne colle pas vraiment. Selon la légende, Procruste a subi le même châtiment qu’il infligeait à ses victimes. Pourtant, Isao Taguchi, qualifié de Procruste par Todd Coyles, ne partage pas la condition de ses malheureux cobayes à la fin de la nouvelle.

Limpide dans ses intentions, efficace mais modeste, « Procruste » est un texte mineur dans l’œuvre de Jean-Louis Trudel dont le meilleur était à venir. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 186-187.