À propos de cette édition

Éditeur
Guérin
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Les Saisons littéraires 4
Pagination
195-201
Lieu
Montréal
Année de parution
1995
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Le conservateur de la bibliothèque nationale de Trieste prend l’autobus et y rencontre le professeur Von Trink. Ce dernier monologue sur les avantages que l’être humain aurait de remplacer ses membres naturels par des prothèses artificielles, hautement performantes. Par un procédé de télescopage, ces prothèses pourraient se rétracter presque complètement dans le corps de chaque individu, ce qui permettrait aux transports en commun de transporter deux fois plus de personnes d’un coup. Le professeur en rajoute en décrivant les gadgets qui pourraient être intégrés à ces prothèses, en mentionnant les effets bénéfiques de la perte des membres naturels sur l’organisme et en insistant sur les économies engendrées par le fait que les souliers, chaussettes et autres accessoires similaires seraient alors obsolètes.

Le conservateur sort de l’autobus, va chez lui et se masturbe, en se disant que l’entreprise serait fort désagréable s’il était contraint d’utiliser, pour ce faire, une main métallique.

Commentaires

On aura compris, au contenu du résumé ci-haut, qu’on a ici affaire à une nouvelle humoristique. On le remarque aussi au style, qui oscille entre deux pôles, l’un soutenu (et volontairement maladroit) et l’autre particulièrement plus relâché. Cela provoque souvent l’effet comique, mais donne aussi une impression d’inconsistance. La volonté de faire dans le registre comique se répercute aussi dans la construction des personnages, qui est plutôt faible. Von Trink n’est qu’une enveloppe vide, habillée à la hâte de clichés sur les scientifiques asociaux, et sert exclusivement à véhiculer le monologue portant sur son raisonnement farfelu, qui constitue le gros de la nouvelle. Le narrateur, quant à lui, n’est qu’une oreille distraite, sauf à la fin, où c’est sa verge qui prend le premier plan.

La profondeur psychologique des protagonistes n’est donc pas la force de ce texte. La qualité du récit non plus, en ce qu’il est virtuellement non existant. Il ne se passe pour ainsi dire rien dans la nouvelle, si ce n’est Von Trink qui déblatère, et le narrateur qui, à l’instar du lecteur (à tout le moins celui-ci), trouve le temps long. Certaines pointes humoristiques fonctionnent très bien (comme celle où le narrateur fantasme sur l’idée de gifler violemment Von Trink à l’aide des bras artificiels surpuissants. Tiens, toi !), mais ne parviennent pas à racheter le texte.

Il n’y a pas vraiment de récit, donc, mais plutôt un exposé qui anticipe les conséquences, positives et négatives, d’une technologie à venir. C’est intéressant, mais aussi plutôt lourd et, disons-le, maladroit et naïf, pour n’importe quel lecteur de science-fiction. [GV]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 40-41.