À propos de cette édition

Éditeur
Le Palindrome
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Meilleur avant : 31/12/99
Pagination
241-285
Lieu
Québec
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un homme qui possède deux ego voit l’un d’eux déporté dans la tête d’un individu du futur. Ce type vit dans une société qui a presque aboli la fonction érotique en dotant chaque citoyen d’un Sexalert™ qui trahit la moindre pulsion sexuelle. Il fait partie d’une organisation clandestine, OSE, qui veut rétablir la sexualité comme principe vital de l’existence humaine. Pour parvenir à ses fins, OSE prélève chez des humains du XXe siècle des ego excédentaires afin de ranimer la libido éteinte de ses membres et renverser cette puritanocratie.

Commentaires

L’idée de départ est assez tordue, on le voit, mais Nando Michaud la développe avec une rigueur inattaquable tout en s’en donnant à cœur joie dans la satire sociale. On a l’impression que l’auteur a voulu régler ses comptes avec les courants de droite actuels tout en dénonçant les excès de trois grands systèmes idéologiques : le capitalisme, l’islamisme et le marxisme. Son monde du futur n’est que l’aboutissement ultime des tendances qui commencent à se manifester à notre époque en matière de sexualité, notamment à cause de la peur du sida.

Michaud récupère habilement dans ce space opera burlesque plusieurs travers de nos contemporains (l’industrie du voyage de noces) et intègre dans l’épilogue, à notre plus grande surprise et pour notre plaisir, la personnalité du pape Jean-Paul II. L’auteur fait vraiment flèche de tout bois.

La réussite de cette nouvelle joyeusement érotique repose sur l’humour enlevé du récit mais aussi sur la perspective narrative qui met constamment en opposition le point de vue de l’ego contemporain et celui de l’homme du futur. Michaud n’a pas oublié les leçons de 1984. Sa société du futur ressemble à celle de Big Brother pour qui l’acte sexuel constitue un crime grave ainsi que l’ont montré Joseph Lévy et Henri Cohen dans une étude portant sur le roman de George Orwell, Nous abolirons l’orgasme.

Par son traitement humoristique et par son parti pris en faveur d’une sexualité pleinement assumée, cette piraterie psychique (psyraterie) n’est pas sans rappeler l’entreprise de François Gravel dans La Note de passage. Que l’on ne s’y trompe pas. « Psyraterie en mer des Orgasmes », au-delà de son ton léger et désinvolte, cache un moraliste qui n’a cependant rien d’un prêcheur.  [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 121-122.