À propos de cette édition

Éditeur
Le Sabord
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Sabord 49
Pagination
26-27
Lieu
Trois-Rivières
Année de parution
1998
Support
Fac-similé

Résumé/Sommaire

Elle cherche une présence en elle qui l’obsède. Après avoir tenté de différentes façons de se défaire de cet intrus, elle utilise les grands moyens : elle entreprend d’extirper tous les organes de son corps afin de localiser ce bruit de pas qu’elle entend toujours en elle.

Commentaires

À la première lecture, j’ai éprouvé une forte fascination pour ce texte tout simplement hallucinant. Il se lit comme un thriller et on se demande comment la quête de l’héroïne va finir.

Les nouvelles d’Aude produisent souvent cet effet et celle-ci, par son symbolisme et sa charge métaphorique, est typiquement « audienne ». On assiste à la quête d’identité d’une femme qui se déconstruit, qui se met littéralement en morceaux pour… pourquoi au juste ? Pour trouver son âme ? « Mais nulle trace d’âme qui vive. »

Le parcours de l’héroïne est pathétique parce qu’elle n’est pas plus avancée à la fin qu’au début de la nouvelle. Sans s’en rendre compte, elle est passée à côté de sa vie. Elle a tout essayé : d’abord le matérialisme (les biens de consommation et la nourriture), puis l’humanisme et, enfin, le spiritualisme représenté par le Verbe (en l’occurrence, la religion catholique avec sa panoplie de symboles : l’hostie, la croix, le Christ). Finalement, tous ces crédos philosophiques ne lui sont d’aucun secours.

La thématique de l’enfermement est récurrente dans l’œuvre d’Aude. La femme, chez elle, est mal dans sa peau, elle cherche à se libérer, à briser ses chaînes. Contrairement aux nouvelles des années 1970 et 1980, ce ne sont plus des gardiens (Contes pour hydrocéphales adultes) ou des hommes (Banc de brume) qui sont la cause de son mal de vivre et de son aliénation. Cette fois, son tortionnaire est intériorisé (on peut même se demander s’il existe vraiment) de sorte que l’héroïne est l’artisane de son propre malheur. En ce sens, il n’y a pas d’amélioration de la condition de cette femme par rapport aux héroïnes de Banc de brume.

« Quelqu’un » est une nouvelle qui frappe fort parce qu’elle remet en question les grandes idéologies qui ont marqué le XXe siècle. Une nouvelle véritablement postféministe qui expose le désarroi profond d’une femme face à l’insatisfaction de son existence. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 273-274.