À propos de cette édition

Éditeur
Médiaspaul
Titre et numéro de la série
Les Guerres d'Eghantik - 1
Titre et numéro de la collection
Jeunesse-pop - 107
Genre
Fantasy
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
157
Lieu
Montréal
Année de parution
1996
ISBN
9782894203286
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Une rivalité fraternelle entre deux des trois fils du défunt roi Gobi a déchiré les royaumes d’Afford : Ogor a été choisi comme nouveau roi à la place d’Esfald, le magicien noir. Quant à Marcoï, également magicien, il s’est allié à Ogor. C’est la guerre. La princesse Szenia, fille d’Ogor, enlevée par Esfald et prisonnière à Fortera, est libérée par sa tutrice Aza grâce à la Crystale, une pierre magique. Elle est elle-même douée de pouvoirs magiques, mais encore trop jeune. Pour sa protection, elle est envoyée dans l’Univers – un univers qui existe dans une dimension à la fois « ailleurs et à la même place » que l’Afford.

C’est en fait le nôtre, et au Québec, puisque nous retrouvons Szenia avec ses amis Catherine et Philippe en train de boire du Pepsi en préparant une escapade à bicyclette à Oka. Mais cela n’aura pas lieu : Esfald l’a retrouvée et l’enlève de nouveau – en même temps que ses deux amis. Un mystérieux être bienveillant intervient cependant. Les trois amis se retrouvent dans une forêt d’Afford, celle de Dalaril, pourtant impénétrable car elle abrite, selon la légende, la Tour du Magicien-Roi, Paktri-Raa. Celui-ci se révèle à elle, lui confie que la guerre d’Esfald en cache une autre plus grave, celle d’Abdor, fils maudit du Grand Créateur Occus. Or, Szenia le sait depuis longtemps, elle est l’Élue, celle qui doit combattre au nom du Dieu dans la bataille finale. Mais comment ? Le Magicien-Roi lui donne une bague sertie d’une crystale bleue – les bleues sont les plus puissantes. Elle ne sait pas comment s’en servir, mais le demi-dieu n’en dit pas plus.

Szenia veut absolument renvoyer ses deux amis dans leur univers d’origine, où ils seront en sécurité – leur enlèvement est un effet secondaire imprévu du sien, Esfald n’a rien contre eux ; mais s’ils restent avec elle… Ils n’ont guère envie de repartir, pourtant. Ils voyagent ensemble pour se rendre à Silvo où se trouve Aza. Celle-ci les accueille avec joie et chagrin : elle a perdu la Crystale, le bâton magique tout-puissant qui lui revenait de droit en tant que nouvelle Grande Prêtresse. Un coup d’Esfald, évidemment, dont les armées sont en train de grignoter lentement le royaume d’Eghantik. Szenia décide, malgré ses réticences (elle se juge trop inexpérimentée), d’aller reprendre la Crystale à Fortera. Ses deux amis l’accompagnent, en dépit de son refus initial. Ainsi qu’un chevalier nommé Oleri dont, pas plus qu’Aza, elle n’est sûre de la loyauté.

Après un passage chez les Savanians, le petit peuple, dont était originaire la mère de Szenia, ils sortent victorieux des obstacles naturels et magiques semés sur leur route. Pourtant, Szenia est toujours incertaine : sa tante savaniane, la Voyante, a vu brûler les pages du Livre du Destin et s’en écrire de nouvelles à propos de Szenia – et qui plus est, ses deux amis n’ont pas de destin, ils ne sont pas dans le Livre ! Ce qui les rend immortels – pratique en l’occurrence, car leur périple n’est pas sans accidents.

Une fois à Fortera, et alors que Szenia commence à maîtriser davantage ses pouvoirs magiques, ils affrontent Esfald et ses sbires. Grâce à l’aide de ses deux amis, Szenia récupère la Crystale, mais elle n’est pas capable d’abattre Esfald de sang-froid, et celui-ci s’enfuit. Oleri se révèle avoir été tout du long le Magicien-Roi, qui voulait voir si Szenia, malgré sa jeunesse, est vraiment capable de jouer son rôle dans le terrible affrontement qui s’en vient. Elle l’est et, plus important, désormais elle le sait.

Une fois revenus à Silvo, les amis se font des adieux émus. Mais peut-être n’est-ce qu’un au revoir ?

Commentaires

Julie Martel appartient à la génération de jeunes auteurs québécois qui ont grandi en lisant la fantasy des Daniel Sernine, Joël Champetier et Yves Meynard aussi bien que la fantasy des auteurs anglo-saxons modernes (on pense ici en particulier à Guy Gavriel Kay, pour les transferts de notre monde au monde d’Afford). Et elle a visiblement déjà son propre imaginaire, qui se développe davantage dans ce second roman que dans Nadjal, son premier essai plus classique.

Certes, on ne s’écarte pas des structures traditionnelles héritées aussi bien des contes et légendes que de la fantasy moderne (bien contre mal, quête, compagnons et auxiliaires bienveillants…), pas plus que des outils habituels de ceux-ci – pouvoirs et objets magiques, mais avec des détails intéressants : seuls les pouvoirs permettent l’usage de ceux-ci et ils semblent avoir tous été créés autrefois en même temps. Et quantité de petits éléments assez originaux parsèment le récit. À commencer par le fait que le personnage principal (comme dans Nadjal) est une adolescente et non un adolescent, comme c’est plus fréquent dans les premiers romans de jeunes écrivaines !

Détails originaux aussi dans le décor (l’aspect physique des territoires, leur faune et leur flore), tout comme dans l’intrigue : par exemple, l’immortalité de Catherine et de Philippe, parce qu’ils ne sont pas dans le Livre du Destin, ne les rend pas insensibles à la douleur. On a aussi visiblement réfléchi à la façon dont fonctionne la magie en essayant des modes différents : Szenia est capable d’utiliser ses amis en les possédant pour leur prêter temporairement ses propres pouvoirs. Même la figure paternelle tutélaire classique du demi-dieu Magicien-Roi a son charme : il admet s’être trompé parfois ! Et le petit peuple des Savanians a lui aussi des travers intéressants.

Bref, on n’est pas ici dans le sucré bonbon, et le personnage de Szenia est campé de manière vraisemblable dans son évolution vers la gravité de son rôle d’Élue future championne d’un dieu. L’écriture est d’un bon niveau, le récit bien structuré, la lecture plaisante. On reverra sûrement le royaume d’Eghantik et Julie Martel dans le paysage de la fantasy québécoise, pour jeunes ou pour adultes. [ÉV]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 131-133.

Références

  • Fortin, Mathieu, Brins d'éternité 7, p. 15-16.
  • Marquis, Luce, Lurelu, vol. 19, n˚ 2, p. 23.
  • Mercier, Claude, Proxmima 2-3, p. 104.
  • Morin, Hugues, Temps Tôt 43, p. 45-46.