À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 91
Pagination
17-19
Lieu
Hull
Année de parution
1990
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Une caste de privilégiés réfugiés à bord de vaisseaux appelés Condors se nourrit des récoltes que les humains s’acharnent à protéger tant bien que mal contre le vent et la poussière venus de l’espace. Lors d’une opération de déprédation, un homuncule, créé en laboratoire par un vieil alchimiste, s’introduit dans un vaisseau et répand des graines qui transforment le psychométal du navire en oasis de verdure. La flotte entière subira le même sort.

Commentaires

Voilà un texte surprenant sous la plume de Martineau quand on sait qu’il a écrit naguère des textes sombres, désespérés et heavy. « Qui sait ? » commence comme une classique histoire de SF et se termine comme un conte de fées. La fin est d’ailleurs trop “sucrée” pour qu’elle emporte complètement mon adhésion. À moins qu’il y ait là une ironie que je n’ai pas saisie. Ce changement de registre n’est pas sans rappeler la transformation progressive de la nouvelle de Marc Vaillancourt, « Planète avec vue sur Sirius ». C’est toujours un peu déconcertant de voir un texte passer d’un genre à l’autre.

Sylvain Martineau met en place une société décadente, les Abords, qui survit grâce au labeur forcené des humains qui, condamnés à vivre sur une planète assaillie par le vent et la poussière, protègent le peu de vie végétale qui subsiste. Parallèlement, il raconte les efforts d’un alchimiste qui veut mettre fin à cette relation proie-prédateur en créant des homuncules qui vont saboter les Condors et redonner à la terre sa végétation luxuriante.

L’auteur exprime bien le désoeuvrement, l’ennui et le cynisme des Abords mais il a de la difficulté à rendre tangible la personne de l’alchimiste qui ne semble appartenir ni à l’un ni à l’autre groupe en présence. Ce personnage n’arrive pas vraiment à s’intégrer à l’histoire, peut-être en raison de sa dimension exceptionnelle et de son rôle de démiurge, même si les deux récits parallèles finissent par se rejoindre grâce à ses petites créatures.

Nouvelle qui distille un optimisme suspect, « Qui sait ? » est aussi un texte moraliste, mais non moralisateur. C’est encore au vieil alchimiste que nous devons ces quelques phrases qui, échappant au mouvement de l’intrigue courant vers sa résolution, nous proposent matière à réflexion : « Pourtant le malheur contient sa propre panacée ; le mensonge, aussi grandiose soit-il, est voué à sa perte. Ses effets malfaisants ne peuvent qu’amener, pour celui qui les subit, à ce désespoir aigu conduisant l’homme vers lui-même : car sans le sens de la souffrance, qu’en serait-il de la vérité ? »

Une agréable surprise, ce texte de Sylvain Martineau. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 130-131.