À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 96
Pagination
7-12
Lieu
Hull
Année de parution
1991
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Surveillés de près par les Coin-coins, ces redoutables extraterrestres au bec denté qui aiment danser sous la pluie rouge, quelques survivants, sur une planète dévastée, essaient de tenir le coup. Ils tentent de contacter d’autres prisonniers comme eux, se réunissent pour tracer un plan d’évasion, et, grâce à la lecture d’un manuel de défense d’un autre âge, se donnent du courage et des lignes directrices pour ralentir l’ennemi… Chez le narrateur, un résistant comme les autres, les choses se passent un peu différemment : il échange beaucoup avec son Coin-coin qui lit Mérimée et lui fait part de ses valeurs. Les prisonniers s’organisent enfin et finissent par s’enfuir. Les Coin-coins sont anéantis, le narrateur se décide peut-être à choisir son camp.

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Commentaires

Peut-être. Car la fin du récit paraît obscure. Est-ce seulement dans sa tête que le narrateur prend parti pour le groupe des survivants et anéantit la flotte Coin-coin ? Ou bien… Peu importe la fin, peut-être. Il s’agit probablement d’une nouvelle et dernière piste sur laquelle nous entraîne l’auteur pour nous mener une fois de plus à changer notre vision des choses.

Michel Lamontagne, en effet – et c’est ce qui fait l’intérêt et l’originalité de cette excellente nouvelle – nous force sans relâche à remettre en question nos représentations antérieures de la situation, nos perceptions des différents groupes de personnages ; il nous oblige constamment à changer de camp, comme, d’ailleurs, semble le faire le narrateur.

Dans un style sobre et précis, il décrit à merveille le groupe des résistants, avec leurs réunions presque rituelles, leur sombre courage et leur dureté, leur volonté farouche de tenir et de se libérer. Le style du Manuel de défense tactique qui les soutient et les inspire est remarquable et ressemble à une véritable citation d’un ouvrage datant de la guerre. C’est la Seconde Guerre mondiale, d’ailleurs, avec certaines de ses ambiguïtés, qu’évoque puissamment le texte, sans jamais la nommer.

C’est lorsqu’on se prend à admirer, malgré sa rigidité, la détermination désespérée des prisonniers que Michel Lamontagne commence à nous dévoiler par petites touches la véritable personnalité des Coin-coins : non, ce ne sont pas les envahisseurs obtus à la silhouette ridicule que l’on imaginait au début. Ce sont au contraire des extraterrestres naïfs, pacifiques et sensibles, épris de l’intense plaisir que leur procure la pluie rouge, cette pluie pour laquelle il leur faut détruire progressivement les planètes rencontrées avec leurs habitants. Quant au narrateur, qui a su comprendre les envahisseurs et se lier d’amitié avec l’un d’entre eux, il fera, semble-t-il, une dernière volte-face.

« Ralentir l’ennemi » est une nouvelle originale et bien menée dans son ensemble, qui interroge avec justesse nos représentations des bons et des moins bons, des nôtres et des autres. Et qui pourrait ralentir, peut-être, quelque peu, le bourgeonnement effréné de nos divers préjugés. [HC]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 101.