À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Henri a la barbe et la tignasse épaisses. Un jour qu’il s’apprête à se raser pour une noce, le rasoir, possédé, lui taille de près non seulement la barbe, mais également les cheveux, hormis une longue touffe sur le faîte du crâne. Un fantôme lui apparaît alors, celui du dernier chef de la tribu des Beathuks [sic], qui lui révèle son ascendance amérindienne – et son héritage : la couronne et le titre de chef des Beathuks [NDLR : la graphie est plutôt Béothuks]. Henri, apeuré, refuse, et demande qu’on lui restitue ses cheveux. L’apparition accepte, et Henri ne la revit jamais.
Commentaires
Cette légende respire le pragmatisme des insulaires, et il apparaît évident que tel était le but recherché par l’auteur. Que faire lorsqu’on nous propose de régner sur un domaine anéanti ? Refuser, bien sûr, puisque cela n’apportera rien de bon – hormis une affreuse coupe de cheveux. C’est un clin d’œil, un brin pince-sans-rire, qui démontre l’attachement des Madelinots à leur patrimoine, c’est-à-dire, à ce qu’ils ont construit de leur sang et de leur sueur – ou de leurs cheveux – et qu’ils n’échangeraient contre rien au monde, mais qu’ils comptent bien léguer à leur descendance, laquelle devra conserver, non sans fierté, ce pragmatisme face aux aléas de la vie. Et quelle meilleure façon pour semoncer la prochaine génération qu’une histoire de fantômes ?
D’ailleurs, un recueil de contes et légendes ne saurait être complet sans au moins une histoire où la présence d’un revenant vient glacer le sang du lecteur – et celle-ci, au demeurant, est fort respectable, surtout qu’elle débute avec un objet tranchant et possédé… [MRG]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 251-252.