À propos de cette édition

Éditeur
La Patrie
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Patrie, vol. XXVI, n˚ 139
Pagination
21
Lieu
Montréal
Date de parution
06 août 1904

Résumé/Sommaire

Le père François, fameux conteur, évoque un souvenir de jeunesse devant un petit groupe d’amis. Il se rappelle avoir vu un soir des fi-follets trouver refuge dans un gros orme creux. Un peu plus tard, le voisin, Marcel Vachon, s’était endormi au pied de l’arbre après avoir vidé une cruche d’alcool. Une nuée de fi-follets étaient sortis de leur abri et avaient emporté l’âme du cultivateur irréligieux.

Commentaires

Alfred Descarries a publié plusieurs contes et nouvelles dans La Patrie, de 1903 à 1905, soit avant l’âge de 20 ans. S’inspirant de ses prédécesseurs, il crée ici une sympathique figure de conteur, le père François, un émule de Jos Violon de Louis Fréchette et du père Michel de Joseph-Charles Taché. C’est un vieil homme qui vit à Verchères dans une maison humble et austère. Sa réputation de conteur est bien établie et méritée. L’auteur émaille son langage d’expressions populaires qui rendent sa façon de conter pittoresque. À l’enseigne Les Veillées du père François, son conteur livrera au moins une autre prestation dans « Le Meunier endiablé », ce qu’il laisse présager à la fin de son histoire quand il mentionne que les fi-follets se seraient déplacés à Pointe Lévis.

La trame narrative est toute simple comme en fait foi le résumé. Marcel Vachon, la victime, est dépeint en quelques traits : il a craché dans l’eau bénite un dimanche à la grand-messe et il a un penchant pour la boisson. Sa punition semble toutefois disproportionnée par rapport à sa faute.

En situant l’anecdote dans un passé lointain, Alfred Descarries donne l’impression que ces manifestations du surnaturel ne se produisent plus au début du XXe siècle. Sans pour autant inscrire son texte dans la modernité, il fait bien comprendre qu’il s’agit d’une époque révolue. La nature qu’il décrit, la paisible existence des habitants du pays, c’est bien celles qu’on trouve à la campagne. La vie urbaine n’est jamais évoquée et pourtant, l’auteur lui-même vivait à Montréal.

Il n’y a pas abondance de textes sur les fi-follets, généralement appelés feux-follets, dans la littérature québécoise. Ce conte leur prête un pouvoir inhabituel car la plupart du temps, on tend à les considérer comme des âmes errantes, qu’il vaut certes mieux ne pas approcher, et non comme des esprits infernaux. [CJ]