À propos de cette édition

Éditeur
JCL
Genre
Science-fiction
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
683
Lieu
Chicoutimi
Année de parution
1990
ISBN
9782920176683
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Malgré le retrait et la destruction des armes nucléaires de courte portée des deux superpuissances, la montée du pacifisme et de l’écologie, l’Humanité vit toujours sur un baril de poudre. La détente sera-t-elle durable ? Non.

À Moscou, les dirigeants de l’Union soviétique décident qu’il est temps de passer à l’attaque. Leurs forces conventionnelles sont supérieures à celles de l’Occident ; additionnées à l’effet de surprise, ils ne peuvent que remporter une fois pour toutes la victoire sur le capitalisme. Mais encore faut-il tramer les prémisses de l’offensive afin d’octroyer le mauvais rôle, celui de l’attaquant, aux États-Unis. Aussi est-il question d’un faux commando lybien détruisant une ville israélienne à l’aide d’une bombe H... Mais avant, afin de mettre toutes les chances du côté du communisme, il faut déstabiliser le capitalisme mondial. Il est temps pour les prête-noms de provoquer un krach boursier mondial, temps de faire baisser le cours des métaux précieux, temps de mettre à l’ouvrage les saboteurs qui paralyseront la totalité des énergies américaines, temps de montrer au cow-boy de la Maison Blanche qui est le plus fort.

À Washington, le Président est averti que l’URSS prépare l’offensive, bien qu’il ne sache quelle sera sa stratégie. Les services de renseignements enregistrent des mouvements anormaux, les satellites photographient des armements insoupçonnés surgis de nulle part, mais rien ne laisse deviner le plan d’ensemble qui régit toutes ces activités, si plan il y a. Mais un matin, la bourse de Tokyo est prise de folie : c’est le début de la fin…

Pendant ce temps, à la grandeur du monde, des hommes et des femmes vivent l’inéluctable. En Suède, deux jeunes adolescents leucémiques découvrent l’amour dans un monde de plus en plus survolté ; au Brésil, une petite fille de dix ans s’enfuit vers la ville afin de survivre ; à Bakou, Mouza Krilov, médecin, apprend qu’elle est déportée sur une petite île du nord, Wrangel ; en Afghanistan, Alusia, missionnaire de la charité, tente de venir en aide aux démunis et affligés de la guerre ; au Botswana, Xam s’aperçoit que les femmes de son peuple n’enfantent plus, comme si une longue sécheresse était à prévoir ; etc.

... car le plan si bien ordonné par les Soviétiques commence à battre de l’aile et, ici et là, des bévues sont commises, inéluctables, menant à la catastrophe : l’Occident sait ce que trament les dirigeants soviétiques puisque, au Soviet suprême, il y a une taupe ! Riposte, contre-attaque, explosion nucléaire sur Israël, Brasilia : la Terre s’embrase peu à peu. La folie des hommes n’a plus de limites, ce sont des milliards de femmes et d’hommes qui tombent sous le feu des bombes. Le genre humain est menacé, bien que, ici et là, quelques survivants, quelques rescapés, en Papouasie, entre autres…

Commentaires

Ouf ! Quelle brique ! 683 pages bien tassées, il faut quand même se les écrire, comme diraient nos cousins. Aussi, avant d’aller plus loin, je lève mon chapeau à Philippe Porée-Kurrer : produire une œuvre de cette envergure au Québec, c’est un exploit quand on sait que 99,9 % de nos plumitifs sont des dilettantes, c’est-à-dire qu’ils doivent exercer un autre métier afin d’assurer leurs fins de mois… et écrire après. Alors un pavé comme Le Retour de l’orchidée, vous en conviendrez, représente des milliers d’heures de quasi-bénévolat ! J’en profite aussi pour remercier JCL d’avoir eu le courage de publier ce roman : rares sont les éditeurs au Québec qui osent mettre en marché ce genre de pavé en raison des coûts importants de production, du faible marché francophone québécois et, surtout, de la concurrence déloyale des éditeurs français qui nous inondent d’oeuvres américaines traduites – et trop souvent mal traduites.

Cela dit, abordons le vif du sujet, soit cette histoire de fin du monde par le nucléaire. Un techno-thriller, donc, une politique-fiction dans un futur proche qui décrit par le menu toutes les étapes d’un plan machiavélique ourdi par les Soviétiques afin de conquérir le monde. (Il est intéressant de noter que Le Retour de l’orchidée, depuis les événements récents qui se sont produits dans la défunte Union soviétique, est devenu un roman uchronique ayant comme point de départ “Et si Gorbatchev n’avait pas fait long feu à la présidence”. Comme quoi les sous-genres en SF peuvent évoluer rapidement !).

S’il y a une leçon à tirer de ce genre de livre, c’est généralement la suivante : peu importe la minutie du plan, il y aura toujours un grain de sable pour détraquer la plus belle mécanique. Et dès l’introduction de cet événement non prévu, ni ceux qui ont conçu le plan, ni ceux qui doivent le contrer ne savent la direction qu’empruntera la suite des événements. La mécanique s’est emballée et, tel le monstre de Victor, elle ne sera détruite qu’au prix de bien des souffrances… ou alors elle détruira tout sur son passage. Comme dans Le Retour de l’orchidée. Pourtant, comme l’indique bien le titre, la vie sur Terre ne s’arrête pas facilement. Après bien des années, en Papouasie, une orchidée fleurira…

La quatrième de couverture nous prépare bien en nous présentant succinctement une douzaine de pistes qui se déroulent en Suède et au Brésil, en France et dans les Caraïbes, en Sibérie et dans l’Arctique, etc. Comme il se doit dans un suspense qui mène inexorablement le lecteur vers un objectif précis, ce dernier aura droit à une vue d’ensemble de toutes les facettes du processus qui conduira à l’apocalypse. Le roman de Philippe Porée-Kurrer n’échappe pas à ce moule et nous offre des dizaines de trames convergentes. Dans le communiqué de presse, on parlait de soixante-cinq endroits différents de par le monde – je ne les ai pas comptés –, tout en soulignant que l’auteur les avait tous visités lui-même.

À n’en pas douter, l’auteur a fait des recherches importantes afin de donner une base solide à son histoire. Que ce soit du côté américain, soviétique, français ou israélien, les détails militaires et techniques sont convaincants. Il en va de même des différentes coutumes propres à chaque peuple mis en scène : rien ne cloche, ou plutôt rien ne dérange l’honnête lecteur moyen que je suis. Cependant, cependant… Il y a deux points qui m’agacent dans Le Retour de l’orchidée : l’écriture et la multiplicité des trames narratives.

Tout d’abord l’écriture. Si le niveau de langue est bon, bien que sans recherche excessive, l’ensemble n’arrive pas à bien rendre les atmosphères différentes qui devraient se dégager de chaque trame. Qu’on soit en Sibérie, en train de suivre l’évolution de soldats russes, ou au Brésil, dans la peau d’une petite fille de la misère, le ton demeure semblable. Pas mauvais, non, mais curieusement détaché, comme si l’auteur n’y plaçait des personnages que pour mettre en valeur les conséquences des manoeuvres. On pense tout de suite à la description d’une partie d’échecs où chaque coup est analysé… sans que le commentateur ne se préoccupe du sort des pièces.

 S’il n’est pas pertinent de s’identifier aux pièces lors d’une partie d’échecs, il en va tout autrement dans un roman où les personnages ne doivent jamais être interchangeables. Malheureusement, c’est un peu le cas ici.

Ce qui m’amène au deuxième point, le foisonnement. Le Retour de l’orchidée est une brique, je l’ai déjà dit, mais cette inflation n’est pas causée par la complexité des intrigues mais plutôt par leur trop grand nombre. En effet, la multiplicité des pistes convergentes fait qu’il est très difficile de suivre convenablement chacune d’entre elles. Puis, lorsqu’on est suffisamment au courant de la situation générale, soit vers le tiers du volume, cette trop grande quantité de pistes fait stagner l’action. Une certaine désorientation s’installe alors, puisque certaines trames ne reviendront que trop épisodiquement. Le rythme, si important dans ce genre d’ouvrage, se casse, la lecture aussi. Car l’écriture, on l’a dit plus haut, ne prend pas la relève.

Malgré ce qui précède, j’ai bien aimé ma lecture. Peut-être est-ce parce que je lis assez vite et que les passages longuets ne m’ont pas nécessairement ennuyé ? Toujours est-il que les quelques trames principales qui donnent une structure à tout cet enchevêtrement sont bien menées et qu’il ne manque surtout pas d’action. De plus, pour avoir lu beaucoup d’œuvre semblables et sur le même sujet, je considère que le scénario général imaginé par Philippe Porée-Kurrer est un des bons, sinon le meilleur. Ce qui n’est pas peu dire, surtout lorsqu’on considère que Le Retour de l’orchidée est un premier roman. C’est d’ailleurs peut-être la raison qui explique les quelques problèmes décrits plus haut.

L’auteur récidivera-t-il ou s’est-il épuisé sur ce travail gigantesque ? Pour ma part, je suis prêt à payer encore de mon temps pour lire le prochain bouquin de Porée-Kurrer – que ce soit une brique ou non – car Le Retour de l’orchidée m’apparaît comme l’une des belles surprises de l’année. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 156-159.

Prix et mentions

Prix littéraire du CRSBP du Saguenay–Lac-Saint-Jean 1990

Références

  • Boivin, Aurélien, Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec VIII, p. 768-769.
  • Cloutier, Georges Henri, Solaris 105, p. 61.
  • Côté, Lucie, La Presse, 31-03-1991, p. C1.