À propos de cette édition

Éditeur
Louise Courteau
Genre
Science-fiction
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
155
Lieu
Verdun
Année de parution
1984

Résumé/Sommaire

Hubert s’offre trois semaines de vacances en Floride au milieu de l’hiver. Sitôt arrivé à son hôtel, il reçoit la visite d’un étrange personnage qui lui apparaît et qui l’invite à rejoindre ses frères vers le nord du Québec. Répondant à ce mystérieux appel, Hubert rentre immédiatement au pays et se dirige vers Mont-Laurier. Là, il rencontre un jeune homme, Thierry, qui se joint à lui dans sa recherche d’une explication à cette aventure incroyable. Les deux jeunes hommes atteignent finalement un monastère bâti sur les flancs d’une montagne mais dissimulé à la vue des curieux par un phénomène ingénieux d’illusion optique. Ils apprennent qu’ils se trouvent dans un abri construit par des Atlantes dix mille ans auparavant et qu’ils sont la réincarnation de ceux qui s’étaient réfugiés là au moment de l’effondrement de l’Atlantide dans l’océan.

La mission d’Hubert, qui était le Supérieur de ce groupe d’Atlantes, est de réunir les vingt-quatre individus qui le composaient afin de faire partie des pionniers de l’espèce nouvelle. Par l’entremise d’un messager qui apparaît aux autres frères réincarnés, Hubert reconstitue petit à petit sa communauté tout en repoussant les assauts de l’ennemi, les Plaghei, qui utilisent la peur pour se représenter en hommes-loups. Grâce à la méditation, Hubert et les siens reconstituent leur passé et réapprennent les pouvoirs qu’ils possédaient. Ils sont maintenant douze garçons à avoir répondu à l’appel. Avec leurs frères des autres continents, ils sont prêts à assumer la responsabilité de faire connaître à la race humaine une nouvelle étape dans son évolution vers le Divin.

Commentaires

Je m’étonne toujours, dans ce genre de récit initiatique, que l’auteur choisisse délibérément la forme romanesque pour faire passer une thèse difficilement crédible à laquelle il croit visiblement. Je suis toujours d’avis que dans un cas comme celui-là, la réalité dépasse la fiction. Je ne vois donc pas l’utilité d’avoir recours à la forme romanesque, l’essai me paraissant une forme beaucoup plus adéquate et percutante. L’essai, ou à tout le moins le témoignage qui se donne pour véridique.

Mais je comprends un peu pourquoi Claude-Gérard Sarrazin a préféré la fiction à l’essai dans Le Retour des Atlantes. C’est qu’il n’avait rien de nouveau à dire sur la présumée civilisation disparue au fond de l’océan il y a plusieurs millénaires. Il a cru qu’il pouvait facilement masquer cette vacuité du propos en faisant vivre des personnages, en leur faisant connaître diverses aventures.

Si le roman de Sarrazin n’apporte aucune théorie nouvelle sur l’Atlantide, se refusant même à élaborer sur cette civilisation fort évoluée à ce qu’on dit, il est tout aussi décevant du côté de l’action. Le contact avec les élus se fait toujours de la même façon et on sait que chacun aura à affronter les hommes-loups comme épreuve initiatique. Ces épisodes sont d’ailleurs du plus haut ridicule. En fait, la matière du roman est purement anecdotique car elle est constituée de ces diverses rencontres, toutes semblables. Les initiés sont d’abord incrédules, ils réclament une preuve de la bonne foi de leur visiteur et se laissent guider vers le monastère.

La frustration du lecteur atteint son comble quand il se rend compte que l’auteur l’a niaisé pendant cent cinquante pages pour lui livrer un pétard mouillé. On ne saura jamais vraiment en quoi consiste cette mission sacrée qui est confiée au groupe de douze garçons. « Vos frères n’ont pas consenti à préparer l’espèce nouvelle. Ils ne peuvent donc pas se joindre à vous. Le Divin désire qu’entre vous n’existe aucune hiérarchie. Il attend que règnent la paix et l’harmonie. Il attend votre sourire. Le Divin a besoin de votre enthousiasme et de votre jeunesse. Soyez sincères. Restez fidèles ». L’art de se faire mystérieux quand on n’a rien à dire de concret.

Sarrazin n’a pas plus d’imagination que de pensée articulée comme le montre la description sommaire qu’il fait des réalisations de la civilisation atlante. On y relève peu de différence avec la technologie contemporaine, le monastère étant équipé notamment de bains-tourbillons. Quant aux Atlantes, ils se distinguent des êtres humains ordinaires par leur frugalité, leur esprit rompu à la méditation et leur habitude à vivre nu. En outre, il semble que la femme n’existe pas dans leur civilisation, la seule présence féminine étant d’essence divine. Ça s’annonce mal pour la race nouvelle !

Le Retour des Atlantes est à ranger sur le même rayon que les deux livres d’Henri La France, À l’aube du verseau et Les Capsules du temps. Au moins, La France exposait sa théorie de l’évolution de l’espèce dans le cosmos basée sur les ères zodiacales. On pouvait y croire ou s’en moquer mais il y avait là une réflexion scientifique articulée. Celle-ci est totalement absente de l’ouvrage de Sarrazin et la pensée philosophique est tellement obscure et brumeuse qu’elle n’emporte en aucun temps l’adhésion. Ceux qui recherchent des lectures conviant à une existence moins matérielle auraient plutôt intérêt à lire l’enseignement de Sri Aurobindo, dont Sarrazin se réclame pourtant, car Le Retour des Atlantes est une baudruche littéraire qui ne mérite aucune sympathie. L’auteur a déjà publié trois autres romans. Se peut-il qu’il y ait des éditeurs qui détestent à ce point la littérature pour accepter de commercialiser des manuscrits semblables ? Louise Courteau – anciennement les Éditions Internationales Pilou (E.I.P.) – a aussi à son catalogue Ils ont vu l’an 2000 de Gilles Aussant et Robert Lemieux. Une référence qui parle d’elle-même.

Mais ce qui me rend le plus triste en refermant ce livre, c’est de constater que je ne fais pas partie de la race des Atlantes. Je corresponds au signalement pour les cheveux (blonds ou châtains), pour les yeux (bleus ou pers), pour le teint (pâle). Je ne porte pas de lunettes mais… il me manque des dents. Et l’auteur ? Disqualifié lui aussi. Une photo le montre portant des lunettes. Y a-t-il un Atlante dans la salle ? [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1984, Le Passeur, p. 86-89.

Références

  • Thisdale, Martin, Nos livres, mars 1985, p. 36-37.