À propos de cette édition

Éditeur
Les Publications Ianus
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Orbite d'approche 2
Pagination
11-25
Lieu
Montréal
Année de parution
1993
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un homme se réveille un matin avec une impression de bien-être qu’il n’avait pas connue depuis longtemps. Une fois mêlé à la foule du centre-ville, il rencontre une femme mystérieuse qui lui apprend qu’elle et lui rêvent le monde. À ce moment, l’homme se réveille de nouveau : il se trouve dans un cocon de métal truffé d’appareils, au sein d’une salle immense remplie de cocons semblables au sien, qui chacun contiennent une personne en état d’animation suspendue. Il explore l’étrange environnement, qui s’avère être d’une taille gigantesque.

Au bout de plusieurs jours de marche, il arrive à un mur et trouve un ascenseur qui l’amène à la femme entrevue en rêve. Elle lui explique que la Terre qu’il connaît n’est qu’une illusion : il se trouve en réalité à l’intérieur de l’Arche, un énorme vaisseau spatial qui transporte toute l’humanité en fuite devant une catastrophe qui détruit l’univers.

Commentaires

Avec « Rêver le monde », Philippe Gauthier nous offre une nouvelle classique mais néanmoins fort intéressante, un texte articulé autour d’un motif essentiel de la science-fiction : l’effet d’émerveillement, de sense of wonder, qui résulte d’un changement de paradigme et même, dans ce cas, d’une cascade de changements de paradigmes.

Depuis son lit, où le narrateur a « l’impression de n’y occuper qu’un espace minuscule », la nouvelle fait l’équivalent d’un zoom arrière cinématographique, révélant tour à tour le monde rêvé du narrateur, la grande salle des cocons, le titanesque vaisseau-monde, et finalement la salle de la tour, chacun de ces lieux permettant une vision plus large, plus complète, plus cosmique de la réalité. Il est intéressant d’ajouter que ce cheminement est amorcé par une fondamentale insatisfaction face à notre monde réel, qui apparaît pourtant si lourd, si vain, si faux. Si j’ai parlé de classicisme, c’est parce que le thème métaphorique du texte de Gauthier est l’évasion du réel, évasion poussée ici à son extrême : il s’agit de fuir l’univers dans son entièreté.

L’évasion… Comme c’est curieux ! Il me semble qu’on débattait il y a quelques années au sujet de la SF comme littérature d’évasion, justement. Les discussions à ce sujet, enflammées jadis, se sont bien attiédies. Je n’ai pas encore décidé si la parution du texte de Gauthier vaut la peine qu’on attise le feu de la controverse. Je conclurai simplement que cette nouvelle intelligemment structurée, fort bien écrite, nous fait regretter que cet auteur encore jeune n’écrive pas plus de science-fiction, un genre qui lui réussit mieux – je le dis sans méchanceté – que le fantastique épique tel qu’il l’a pratiqué dans la série Qader. [JC]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 88-89.