À propos de cette édition

Éditeur
Ashem Fictions
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Transes lucides
Pagination
35-51
Lieu
Roberval
Année de parution
2000
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Grand-Maman Michelle vit dans un monde où les Compagnies ont gagné. Elles ont imposé leurs règles et leurs règles se sont fondues dans le quotidien. Le petit-fils de Michelle est un handicapé intellectuel, Édouard, qui ramène un jour au logis une carte-code trouvée avec le corps d’une inhumation clandestine. En effet, dans ce monde sans pitié, les Compagnies se réservent l’exclusivité du traitement des décédés. Tous les morts sont retenus dans des caissons de stase jusqu’à ce que leurs parents ou amis puissent payer la libération finale. D’ailleurs, Michelle gagne de quoi vivre en participant à la construction des immenses mausolées où les corps sont entassés par centaines de milliers.

Un accident permet aux Compagnies de découvrir la carte-code qu’elle dissimulait et de remonter la piste des inhumations clandestines. Escortée par une clone de la Compagnie, Michelle se rend sur les lieux du cimetière illicite. Elle est bouleversée par l’acharnement des Compagnies à s’accaparer tous les défunts sans exception, mais la clone lui fait une étrange révélation. Les Compagnies le font par principe et non parce qu’elles ont besoin de l’argent que cette pratique rapporte. Et elles cacheraient une intention ultérieure, celle de se constituer une monnaie d’échange qui leur permettrait de négocier avec Dieu lui-même…

Commentaires

Jean Dion a toujours pratiqué avec finesse une écriture maîtrisant parfaitement le chiaroscuro. C’est avec bonheur qu’on retrouve dans cette nouvelle la patte du virtuose. En quelques pages, il remporte la gageure de dépeindre un monde transformé d’une manière surprenante, qu’il parvient à rendre néanmoins crédible, et de peupler cette nouvelle société de personnages tout en demi-teintes, attachants de par leur fragilité même.

Le sens du réalisme de la vieille Michelle refoule impitoyablement ses velléités de rébellion, mais il suffit d’une lueur d’espoir pour réveiller toutes ses réserves. C’est le vacillement de cet espoir fragile comme la flamme d’une chandelle par grand vent qui captive l’attention du lecteur, ainsi que l’originalité du monde mis en place par Dion. Si la chute finale hésite entre l’absurde et le vertigineux, elle a le mérite d’éviter l’anodin.

Dion signe une nouvelle méditative, qui fascine par sa description d’un monde glacé où même la mort est prise en otage. S’il laisse une petite place à l’espérance, il préfère terminer sur un basculement métaphysique. Dieu lui-même pourrait-il être acheté par les Compagnies ? La question est posée ! [JLT]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 59.