À propos de cette édition

Éditeur
Boréal
Titre et numéro de la collection
Junior + - 47
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
80
Lieu
Montréal
Année de parution
1996
ISBN
9782890527744
Illustration

Résumé/Sommaire

Twdlldm est le gros chat bleu de Roald Amundsen. Durant l’enfance de celui-ci, le félin fit une fugue, poussé par la curiosité que lui inspirait un gros bonhomme rouge qui visitait une fois l’an la demeure de son maître – le Père Noël en personne. La veille de Noël, épuisé, il s’endort dans la neige de l’Arctique – pour se réveiller au pied du sapin de son maître, bien au chaud. À partir de ce jour, le chat perçoit la présence du Petit Peuple, notamment des lutins, et peut même se glisser dans leur monde, puisqu’il suffit, pour cela, de traverser le miroir.

Le temps passe, et le chat, afin de tromper la mort et les années, se glisse, à la manière d’un lutin, dans les pages du roman Les Aventures d’Arthur Gordon Pym d’Edgar Allan Poe, roman qui inspire son maître au point d’en faire un explorateur des pôles Nord et Sud.

Commentaires

On le sait, Roald Amundsen est le premier homme à atteindre le pôle Sud et ce, lors de sa deuxième expédition dans la région, après une première expédition infructueuse, suivie de la découverte, dans l’Arctique cette fois, du Passage du Nord-Ouest – où il restera prisonnier des glaces pendant deux hivers, et où il trouve, dans le roman, l’étrange bouteille contenant un message signé de la main… d’Arthur Gordon Pym. Or, ce qu’il découvre au pôle Sud, durant cette fameuse course où il prendra de vitesse l’Anglais James Clark Ross, il le gardera pour lui : une entrée vers le monde du Petit Peuple, où il fait la rencontre d’une gnomesse dont il tombe amoureux. Le roman se termine avec la mort présumée d’Amundsen, lors de ce crash d’avion en Arctique où il fut porté disparu en tentant de porter secours, comble de l’ironie, à son ami et explorateur Scott Nobile. Mort présumée toute poétique, car en réalité le conquérant du pôle Sud, accepté par le Petit Peuple comme l’un des leurs, rejoint alors l’élue de son cœur.

Ce roman jeunesse de Laurent Chabin est en réalité un parfait exemple d’hybride générique, mélangeant tour à tour à la fois le conte merveilleux, le roman d’aventures, la biographie, voire même l’essai de vulgarisation historique, bien que le conte soit ici nettement dominant, ne serait-ce que par son aspect formel, éminemment simpliste, épuré de toute formulation lourde. En cela, et malgré (ou en fonction ?) des contraintes imposées par le cadre historique que surimpose le personnage d’Amundsen lui-même, Chabin garde constamment à l’esprit son lectorat cible, soit des enfants du primaire. Les références historiques sont habilement insérées dans le roman, sans jamais sortir du cadre imposé par la diégèse ; et ce détail à lui seul mérite une mention positive.

Ajoutons à cela quelques références intertextuelles (Les Aventures d’Arthur Gordon Pym d’Edgar Allan Poe ou encore Les Aventures du capitaine Hatteras de Jules Verne, pour n’en nommer que deux), et nous obtenons un jeu référentiel particulièrement électrisant pour l’enfant, puisqu’il suscite la curiosité envers les œuvres et les faits historiques susmentionnés – même chez l’adulte que je suis, pourtant au fait des exploits d’Amundsen autant que grand lecteur de Poe et de Verne (au point où, dans les jours qui suivirent, je me surpris à redévorer l’aventure de Pym…).

C’est là une lecture intéressante, stimulante et originale, parfaitement dosée grâce à cette langue simpliste, qui sied si bien à l’aspect merveilleux des aventures d’Amundsen, et auquel il faut souligner, bien sûr, tout l’exotisme de l’exploration des étendues blanches autant boréales qu’australes, ultimes limites où on se surprend à accepter, parce qu’encore aujourd’hui nous les connaissons si peu, la présence en ces lieux sauvages du Petit Peuple. [MRG]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 57-58.