À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Eksk-Hiz, son mari François et leur ami Paul sont tous trois des agents secrets de la planète Err-Hêt qui ont pour mission de protéger la Terre à partir de leur maison montréalaise. Un soir, Eksk-Hiz, peinant à s’endormir, aperçoit un être humain miniature (de la hauteur d’un nouveau-né) s’introduire dans sa cuisine et repartir avec une petite pointe de tarte. Le lendemain, l’intrus revient à nouveau, mais les trois agents le capturent et l’interrogent. Ils apprennent qu’il se nomme Mini 2-5 et qu’il s’est échappé du laboratoire de Maxime Legrand, le biologiste qui l’a miniaturisé. Il volait de la nourriture parce qu’il ne savait pas comment subvenir à ses besoins autrement.
Les trois agents décident d’héberger le Mini et de l’aider dans son projet de libérer le reste de son peuple. Après quelques jours de recherche infructueuse, le groupe trouve l’emplacement du laboratoire secret du biologiste et confronte ce dernier. Legrand cherche, avec les Minis, à produire l’être humain de demain, qui pourra prospérer sur Terre sans trop taxer les ressources naturelles de la planète et en produisant significativement moins de pollution. Les agents assomment le biologiste et organisent la libération des Minis, mais se font attaquer par Ouar-Ouil, un criminel en cavale originaire de Err-Hêt, qui a financé les recherches de Legrand dans le but secret d’en faire des soldats parfaits. Les agents réussissent à prendre le dessus sur Ouar-Ouil et mènent les Minis dans le mont Royal, où ils pourront établir une société qui leur est propre. Ouar-Ouil parvient cependant à s’enfuir, emmenant avec lui une poignée de Minis.
Commentaires
Révolte secrète développe de manière plutôt bancale deux thèmes principaux : d’une part, la quête de liberté d’un peuple opprimé, et, d’autre part, l’importance de respecter l’équilibre écologique sur Terre.
La liberté, d’abord : bien qu’on puisse s’émouvoir de la volonté d’émancipation des Minis, leur démarche semble trop simple, incomplète. Par exemple, pourquoi acceptent-ils de conserver les matricules qui leur servent de nom, s’ils souhaitent se libérer de la tyrannie de Maxime Legrand ? Le désir de liberté des Minis ne s’articule que sur le plan collectif, de manière floue et diffuse, ce qui donne l’impression qu’on a surtout affaire à un artifice du récit, une excuse pour mettre en place une aventure, plutôt qu’à une véritable étude de la question.
Quant à l’aspect écologique du récit, il repose sur des postulats ridicules et naïfs : oui, un Mini consommera moins de ressources naturelles qu’un être humain normal (notamment pour se nourrir), mais les Minis ont été habitués à vivre dans un environnement rigoureusement identique à celui des civilisations occidentales. On peut supposer qu’avec le temps, un monde peuplé de Minis se verrait confronté aux mêmes problèmes de surpopulation et de pollution.
Le récit, en général, présente un manque de direction navrant : les personnages tergiversent, se perdent, se retrouvent, souvent sans vraiment faire avancer l’histoire. Cette dynamique culmine dans la conclusion du roman, qui ne se termine pas vraiment : les Minis sont libres, mais leur avenir est incertain – ils n’ont pratiquement que leurs vêtements sur le dos, dans un environnement inconnu et potentiellement hostile –, et le méchant Ouar-Ouil est encore en cavale. Ce n’est même pas une fin ouverte, c’est tout simplement une non-fin. Comme il s’agit d’une série de romans, je présume que l’aventure est prolongée dans une suite. Mais tout de même.
D’ailleurs, la nature sérielle du roman a une autre conséquence funeste : les personnages principaux ne sont pratiquement pas présentés. Outre leur nom (qui est parfois complètement loufoque, comme « Eksk-Hiz ») et leur origine extra-terrestre, on en apprend bien peu sur eux. Les trois agents n’ont pas vraiment de personnalité, et rien ne les distingue si ce n’est leur nom. Ils sont génériques, à l’instar des concepts SF déployés dans le roman. [GV]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 389-390.
Références
- Lortie, Alain, Requiem 19, p. 17-18.