À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Fantastique
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
imagine… 74
Pagination
147-148
Lieu
Sainte-Foy
Année de parution
1996
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Jérome Legris est un « auteur de polar sans grande imagination » mais qui n’en a pas besoin. L’origine de ses histoires provient en effet de prémonitions qui trouvent par la suite un écho dans la réalité, œuvres qui, on s’en doute, ont tôt fait d’attirer l’attention des autorités : d’abord « La Plongée des plaisanciers » qui met en scène un sous-marin pirate ; ensuite « 300 millions effacés », texte critiqué où la somme du titre est mystérieusement effacée d’un réseau interbancaire informatisé ; « La Critique est aisée », qui met en scène la mort sous la torture du seul critique encore méchant ; « Sagacité », qui eut beaucoup de succès auprès des policiers, puisque ceux-ci tentent d’en anticiper le dénouement, qui se produit néanmoins, via un chapitre resté inédit ; et pour finir, « Chaînon manqué », la dernière œuvre, inachevée, d’un Legris qui ne voulait plus écrire, et qui meurt électrocuté devant son ordinateur avant de la terminer.

Commentaires

Cette très courte nouvelle de Jean-Pierre April montre, une fois de plus, tout le talent de celui-ci, son sens du punch autant que sa maîtrise du toujours difficile exercice de l’humour noir. La nouvelle elle-même repose presque entièrement sur l’enchaînement des différentes mises en abyme et sur le lien qui les unit les unes aux autres – à savoir, la concrétisation dans le réel de la production fictionnelle de son auteur, dont l’écriture causera finalement la perte.

Or si, au moment de sa publication, ce texte était fort original, avec le passage des années, il devient impossible de ne pas comparer celui-ci avec cet autre récit fantastique publié deux ans plus tard, et qui fut d’ailleurs porté à l’écran – je parle du roman Sur le seuil de Patrick Senécal, où la prémisse est, à peu de choses près, la même. On se rappellera que Thomas Roy, dans ce dernier cas, était également un auteur dont les idées de roman se concrétisaient par la suite dans le réel de la diégèse, ce qui le mènera ultimement à sa propre perte, lui qui tente de se suicider dès le début de l’œuvre en question.

En fait, le parallèle entre les deux œuvres est si patent, si flagrant, et l’écart de publication si raisonnablement ténu, qu’on en vient à se demander si Senécal ne se serait pas inspiré de la nouvelle de Jean-Pierre April pour écrire ce roman que je considère, personnellement, comme son œuvre la plus aboutie – ce qui serait non seulement probable, mais presque souhaitable, au regard de l’importante place qu’occupe Jean-Pierre April au sein du corpus québécois des littératures de l’imaginaire. Ce ne serait, au fond, que justice rendue envers ce dernier. [MRG]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 7.