À propos de cette édition

Éditeur
Ashem Fictions
Genre
Fantastique
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
Roberval fantastique
Pagination
6-7
Lieu
Roberval
Année de parution
1998
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un vampire vit sa dernière nuit à Londres en songeant à Line qui dort, ignorante du danger. Mais le vampire tiendra bon et refusera de s’abreuver au sang de Line, cela dût-il pour lui signifier la mort.

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Commentaires

Il y a, en gros, deux sortes de bonnes nouvelles : celles où l’auteur a déniché un petit sujet en or qui aboutit sur une chute sidérante d’originalité et de pertinence, et d’autres nouvelles qui ont été traitées comme de petits poèmes, en quelque sorte, où ce qui compte n’est pas tant le propos, neuf ou vieux, que le traitement. Et la nouvelle d’Alain Bergeron se situe dans la seconde catégorie – de sorte que le résumé qui précède n’en révèle absolument rien !

Dans « Rouge », l’auteur a choisi de travailler en fait sur les clichés du thème du vampire : Londres la nuit sous la lune, les images de sang, le rapport entre la pureté de la victime et la violence de l’agression, et, empruntée aux histoires contemporaines de vampire, la culpabilité du monstre et son besoin de rédemption. Les liens qui s’établissent entre la lune, l’eau et le sang contribuent à l’atmosphère désolée de même qu’au style, presque de l’ordre de la fugue, de la nouvelle.

En effet, ce qui fascine dans ce texte, ce n’est pas l’histoire – celle d’un vampire épris d’une mortelle n’a rien de neuf – mais sa forme incantatoire. Certes, ce qualificatif est souvent utilisé dans le cas de textes poétiques plus ou moins solennels, voire sentencieux, mais ici il prend tout son sens. Toute la nouvelle repose sur la récurrence de quatre vers qui y reviennent comme un leitmotiv venant ponctuer la dernière routine nocturne d’un vampire. « L’eau de l’onde / L’eau de Londres / Line est blonde / Et la nuit est longue. » Tout en assonances et en allitérations, ce passage, qui apparaît à quatre reprises dans le texte de deux pages, contient en fait toute la nouvelle. Le travail sur les sonorités dans l’ensemble du texte reproduit en écho ces vers tout en déployant les mêmes idées d’eau, de ville sombre et de nuit longue, si longue et pourtant si courte puisqu’à la dernière occurrence, le vers ultime n’est pas complet, la nuit du vampire prend fin. [SBé]

  • Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 23-24.