À propos de cette édition

Éditeur
L'instant même
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Cette allée inconnue
Pagination
101-108
Lieu
Québec
Année de parution
1999
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un homme qui vient de perdre son père ressasse ses souvenirs pendant que défile devant lui la route qui doit le mener vers sa femme. Séparé depuis peu, il espère, sans trop y croire, reprendre la vie commune avec elle. Les heures passent mais l’homme a de plus en plus l’impression de faire du surplace dans ce tunnel où il s’est engouffré. Le réservoir d’essence est maintenant à sec mais il continue de rouler sans pour autant sortir de cet interminable tunnel…

Commentaires

Les pensées vagabondent, les idées décantent, les projets se précisent. Quiconque a déjà fait l’expérience de la route peut comprendre l’état d’esprit du narrateur de « Rouler » et apprécier les notations de Rochette. Il rend bien cette impression de dérive et d’irréalité qui s’empare du conducteur quand il file sur une route monotone. Avaler les kilomètres sans que l’attention soit sollicitée outre mesure constitue un puissant catalyseur de pensées.

La dérive du narrateur, qui se traduit par une perte progressive des repères spatio-temporels, fait écho à la perte de ses liens affectifs : il a perdu son père, il est séparé de sa femme, sa mère est morte depuis longtemps et il n’a pas d’enfant. Rochette joue à fond cette perte de repères spatio-temporels. Le temps devient flou : il est difficile d’établir une chronologie des souvenirs qui assaillent le narrateur. Aussi se retrouve-t-il dans un univers où ses repères sont gommés, dans une sorte d’« infâme éternité » pour reprendre le titre d’une autre nouvelle de Rochette. Quant à l’espace, s’il est précisé que la route empruntée longe la baie de Chesapeake, il est significatif que le narrateur se trouve en territoire américain, loin de son point d’ancrage familier et dans un tunnel sans fin qui présage une vie sans réelle perspective d’avenir.

Texte sur la solitude foncière de l’être humain, sur les difficiles relations père-fils, sur la dérive existentielle, « Rouler » est une réussite en son genre. Pas spectaculaire, mais efficace et d’une justesse de ton remarquable. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 146-147.