À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Un homme se sentant étranger à Manhattan se met un jour à fuir la ville, qui est envahie de nuages laissant sur leur passage une suie bleue. Il trouve son salut dans un escalier menant au métro de New York, et choisit de se rendre le plus loin possible du centre-ville. Au bout de la ligne, il prend un autobus dans lequel il rencontre un groupe qui lui proposera de se laver sur une plage, située dans un Éden idyllique.
Commentaires
Les événements vécus par le personnage principal dans la nouvelle de Thério recèlent une ambiance à mi-chemin entre l’onirisme et le récit catastrophe, et rappellent le récit biblique de l’Apocalypse et le paradis perdu. Le protagoniste ne se reconnaît de toute évidence pas dans la vie urbaine, où le soleil peine à percer les nuages et la météo habituelle, grise, pluvieuse et déprimante, illustre son impossibilité d’éprouver des sentiments lors de ses activités quotidiennes.
C’est l’allégorie de la suie bleue qui met d’autant plus en relief l’aliénation urbaine qui rend le personnage principal si mal à l’aise. Les citadins autour de lui, incapables de secouer la suie de leurs cheveux et de leurs vêtements, restent ainsi, tous semblables, stigmatisés par la perte d’identité : en cris, en pleurs, ne pouvant plus articuler des mots connus du protagoniste et donnant même des coups aux autres, ils évoquent même le motif du zombie, si populaire aujourd’hui. La chute dans le métro permet de s’échapper du cataclysme, et donc de la ville, pour trouver au contraire le soleil, l’amitié humaine et une nature éclatante dans un endroit commodément appelé Éden.
Les descriptions des paysages et de l’attitude des gens, entre la ville et la campagne, les font sembler inconciliables et évoquent un net parti pris pour le retour à la terre si populaire dans les années 1970. Les motivations derrière cette nouvelle me semblent donc à peine subtiles en antagonisant ainsi la vie urbaine, bien qu’elle s’accorde aux valeurs en vogue de l’époque, et il est difficile d’y voir plus qu’un exercice de style allégorique. [SG]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 398.