À propos de cette édition

Éditeur
Andromède
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Proxima, MF2
Pagination
15-32
Lieu
Lille
Année de parution
1988
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Une Érymédienne, Ugna Préquès, écrit, pour des raisons thérapeu­thiques, le récit de sa rencontre avec un jeune Terrien empathe, Dérec, de leur rapprochement amical, de l’amour passionné qu’elle ressent pour lui, de ses vaines tentatives pour l’amener à éprouver un sentiment qui répon­drait au sien, des divers malentendus qui ont parsemé leur relation et de sa conclusion éclairant d’une manière partielle la personnalité du jeune homme.

Autres parutions

Commentaires

C’est donc une histoire d’amour que nous présente l’auteur, quelque chose comme une girl meets boy, en apparence une des plus simples histoires qu’il soit possible de raconter. En fait, c’est plutôt une des plus difficiles et on doit la manier avec intelligence, délicatesse et lucidité, afin d’éviter les pièges de la mièvrerie et du cliché.

De fait, plus qu’une histoire d’amour, l’auteur nous présente ici des personnages en train de phantasmer à fond l’un sur l’autre. Mais leurs phantasmes sont très différents quant à leur nature et passablement incom­patibles. De cela, et malgré une bonne volonté et une affection sincère, ne peut résulter qu’une communication partielle, une sorte d’in­compréhension mutuelle, un beau mensonge qu’on se raconte à soi, un appel perdu qu’on lance à l’autre et qui apporte plus de déceptions que de satisfactions.

Je ne crois pas qu’on puisse accuser l’auteur de pessimisme devant les résultats de la relation amoureuse ou d’une certaine misanthropie envers ses semblables, mais simplement d’une relative prudence apportée par les années et l’expérience de la vie et du désir de traiter avec rigueur et sans complaisances les relations humaines dans toutes leurs complexités natu­relles.

Pour atteindre son but, l’auteur a bien présenté ses personnages, se montrant capable d’en faire des êtres aux motivations multiples et parfois presque contradictoires, bien que encore partiellement obscures – on comprend bien la nature de la vision que le jeune homme projette sur la femme mais moins bien les raisons réelles et profondes de la passion qui l’anime, elle, la faisant rechercher l’amour de ce personnage en particulier. Il s’est servi aussi d’une stratégie littéraire efficace et représentative de sa manière : le récit à deux types de narration et à deux temps et points de vue complémentaires, s’éclairant l’un l’autre.

Quant à l’écriture, elle est fluide et précise, certainement très belle et poétique dans les quelques pages se rapportant au spectacle donné dans la Sphère céleste, visuellement splendide dans les descriptions de paysages naturels transportés dans l’espace par les Érymédiens. De plus, l’exactitude des termes scientifiques demeure une des qualités toujours présentes de Sernine.

Cette nouvelle s’apparente à d’autres récits du cycle d’Érymède et elle nous permet de retrouver certains personnages des Méandres du temps, roman dont la lecture peut s’avérer éclairante dans le contexte présent.

« Sa fleur de lune » constitue une intéressante esquisse de réflexion sur les difficultés de la communication entre les gens, sur la probable incompatibilité entre le rêve romantique et la réalité.

Une bonne nouvelle, même si ce n’est pas une grande nouvelle. [RB]

  • Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 154-155.