À propos de cette édition

Éditeur
De la Paix
Titre et numéro de la collection
Ados/Adultes - 11
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
177
Lieu
Saint-Alphonse-de-Granby
Année de parution
2000
ISBN
9782922565164
Support
Papier

Résumé/Sommaire

L’anthropologue mexicain Fuente del Saber est retrouvé sur une île près de la Terre de Feu, où il avait disparu des mois auparavant. Avant d’être rejoint par ses sauveteurs, il a eu le temps d’écrire la relation de ses aventures.

L’orage électromagnétique responsable de sa disparition l’a emporté dans un lointain passé, plus exactement avant la dérive des continents, à une époque où les seules masses continentales sont celles de l’Antarctique, tropicale, et de Pangée, inhabitable.

Contre toute attente, la Terre est habitée par des humanoïdes impossibles à distinguer du savant professeur. Ceux-ci s’avéreront être des Martiens réfugiés sur Terre à la suite de la collision de Mars avec un astéroïde, cataclysme qui a rendu la planète rouge inhabitable.

Saber communique par télépathie avec les colons martiens et il se lie en particulier avec la jolie Aïsha. En compagnie de cette dernière, Saber découvre la faune préhistorique des jungles de l’Antarctique et il apprend aussi à connaître la société édifiée par ces réfugiés. En raison de leur nonchalance, de leur végétarisme et de l’absence de pollution, les hôtes de Saber sont très grands et vivent jusqu’à deux cents ans ou plus. Ils sont non-violents et pacifistes, et ils respectent même leurs aînés, dont les plus vénérables comptent cinq siècles de vie… Mais ils sont xénophobes.

Lorsque Saber tombe entre les mains de la police, ses théories sur l’avenir de la colonie ne rencontrent pas l’approbation du commissaire Bolek et il ne doit son salut qu’à un savant amical qui le réclame pour une expérience. À bout de ressources, il se résigne à se séparer de sa bien-aimée Aïsha à la belle peau d’ébène et il profite d’un autre orage électromagnétique pour retourner dans son espace-temps d’origine.

Commentaires

Suite des aventures relatées dans Les Mystères de l’île de Saber (1998), ce roman d’anticipation pour les jeunes démontre de sensibles progrès par rapport au premier. L’inculture scientifique de l’auteur s’étale un peu moins ostensiblement, même si la curieuse idée que le passage d’une comète près de la Terre pourrait faire basculer son axe de rotation (p. 52), la confusion d’une portion du système solaire avec une galaxie (p. 54, 107) et l’explication plutôt brouillonne de la théorie des topologies complexes de l’espace-temps à l’échelle de Planck (p. 160) ne témoignent pas de très grands efforts de rigueur. La construction, si elle repose encore une fois sur un retour en arrière, est plus simple et mieux adaptée à la relation d’une histoire intéressante.

Certes, la narration elle-même n’est pas dénuée de contradictions internes : il est d’abord affirmé qu’il y a « quelques » survivants des premiers colons martiens (p. 44), mais Aïsha se montre moins sûre un peu plus loin, admettant que le vieux Tzadik est peut-être le « dernier » survivant (p. 85). De plus, l’auteur cède à certaines facilités, dont le recours à la télépathie pour communiquer avec les colons martiens. Et les noms plus ou moins sémites – Ishtar, Aïsha, Tzadik – détonnent dans un contexte aussi éloigné du nôtre.

Néanmoins, les invraisemblances scientifiques ne surgissent qu’en périphérie de l’histoire et l’auteur se concentre sur la description d’une société différente, utopique par certains côtés, mais non exempte de défauts. Il s’agit d’un voyage de découverte plutôt classique, qui comprend la visite d’un institut scientifique, une excursion à la campagne, une expédition jusqu’au seuil d’une vallée occupée par des dinosaures – agrémentée d’une attaque par une plante carnivore – et un crochet par un établissement retiré où survit un des pionniers venus de Mars. La conclusion est de facture tout aussi classique : après avoir été capturé par les autorités, qui refusent de croire à son récit, Saber réussit à leur échapper pour retourner à son époque d’origine.

Ainsi, en dépit de quelques scories, le roman de Braitstein livre une histoire relativement réussie. Ce qu’on peut lui reprocher, c’est la dispersion de ses effets. Au lieu d’exploiter tout le potentiel d’un voyage à deux cents millions d’années dans le passé, l’auteur soulève des questions qu’il ne se soucie pas de résoudre dans ce volume – l’impossible ressemblance des colons martiens et des humains de notre présent, la nature des Autres que les colons redoutent, l’absence de magnétisme terrestre – et il s’attarde sur les mœurs de ces colons végétariens, non-violents et dotés d’une longévité exceptionnelle. Tout compte fait, il s’agit d’un ouvrage qui, sans être supérieur en quoi que ce soit, se démarque un tantinet de la médiocrité générale de la science-fiction pour jeunes au Québec. [JLT]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 31-32.

Références

  • Sphener, Laurine, Lurelu, vol. 24, n˚ 1, p. 31.