À propos de cette édition

Éditeur
H. Berthelot & cie
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Canard, vol. VIII, n˚ 23
Pagination
2
Lieu
Montréal
Date de parution
07 mars 1885

Résumé/Sommaire

Saint Jean-Baptiste n’ayant jamais visité le Canada français dont il est le patron et constatant que son culte y est toujours vivace, il demande l’autorisation à saint Pierre de venir y passer quelques jours. Le portier céleste accepte et lui recommande de demander l’hospitalité à un juste dénommé Trudel que ses concitoyens appellent « Le Grand Vicaire ». Saint Jean-Baptiste rapplique en vitesse au paradis car il ne peut supporter l’excès de bigoterie de cet homme.

Commentaires

Qui se cache derrière le pseudonyme de Salvio ? Un redoutable satiriste et un pourfendeur de la tartufferie. Ce Salvio a la verve et l’ironie mordante de Napoléon Aubin qui ne s’est pas gêné pour dénoncer les travers de ses contemporains dans Mon voyage à la lune.

Dans Saint Jean-Baptiste au Canada, Salvio s’en prend de façon féroce au directeur du journal L’Étendard, François Xavier Anselme Trudel, sénateur ultramontain et adversaire du Canard, journal satirique et libéral. Iconoclaste, Salvio lance aussi quelques flèches aux hommes politiques de l’époque. Le ton est joyeusement grinçant.

Dans ces circonstances, la valeur littéraire du texte passe au second plan, l’intérêt de ce document se situant plutôt au niveau anecdotique. Il renseigne entre autres sur les courants de pensée de la fin du XIXe siècle et témoigne de la diversité des allégeances idéologiques de la société canadienne-française moins monolithique qu’on pourrait le croire.

Ce genre littéraire qu’est le pamphlet n’est plus guère pratiqué de nos jours mais le texte de Salvio nous rappelle fort à propos que la polémique ne déplaisait pas à nos prédécesseurs qui trouvaient dans cet exercice une belle occasion de tremper leur plume dans le vitriol. Ce Salvio avait du chien ! [CJ]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 181-182.