À propos de cette édition

Éditeur
Logiques
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Noëls, autos et cantiques
Pagination
53-70
Lieu
Montréal
Année de parution
1995
Support
Papier

Résumé/Sommaire

En route pour aller réveillonner chez sa sœur, Julie s’égare dans la tempête. Elle trouve refuge chez une femme qui vit seule dans une maison perdue dans le bois. Après avoir passé une partie de la soirée avec son hôte, Julie sort dans le portique pour fumer une cigarette pendant que Mary fait une sieste avant la messe de minuit. Ayant mis le feu accidentellement à l’antique maison, Julie court chercher du secours et se réveille le lendemain matin, étendue dans la neige. Le motoneigiste qui la recueille l’informe que la maison dont elle lui parle a été incendiée il y a deux ans. Julie dit se nommer Mary Walsh.

Commentaires

C’est sans doute la nouvelle du recueil qui rappelle le plus les contes du XIXe siècle par sa prémisse et son esprit : un voyageur perdu dans la tempête, une maison accueillante, un hôte attentionné qui offre le gîte et le couvert afin de se dédouaner d’une faute commise il y a longtemps par manque de charité chrétienne. Tel est, par exemple, le synopsis du « Fantôme de l’avare » d’Honoré Beaugrand.

L’auteur a modernisé le conte en le délestant de sa morale religieuse. Mary Walsh, victime de l’incendie survenu deux ans plus tôt, ne porte pas le poids de la culpabilité comme le fantôme de l’avare condamné à revenir sur terre pour attendre la visite d’un voyageur égaré qui favorisera sa rédemption. La proposition est comme inversée : le fantôme de Mary usurpe le corps de Julie qui, pour expier sa faute – elle a le défaut de fumer (obsession récurrente chez l’auteur), ce qui contribue à mettre le feu à la maison de façon accidentelle comme le frère de Mary l’avait fait naguère –, est morte de froid peut-on présumer.

À cause de cette substitution d’identité, la nouvelle cultive une ambiguïté intéressante et un certain mystère irrésolu. Ce qui avait tout l’air d’un piège n’en est pas un car Julie n’est pas malheureuse de sa nouvelle identité. Elle disait justement : « Parfois je me dis que j’aimerais être ailleurs, tout oublier […]. On efface tout et on repart à neuf ! » C’est ce souhait que Mary exauce ! Le titre renforce d’ailleurs le caractère positif et salvateur de cette substitution d’identité car la samaritaine, c’est celle qui rend service, qui accueille l’âme à la dérive : Mary Walsh.

En raison de sa richesse thématique qui soulève des enjeux identitaires sous-jacents – Mary est une Irlandaise –, « La Samaritaine » est, à mon avis, la plus intéressante et la meilleure des trois nouvelles fantastiques du recueil. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 64-65.