À propos de cette édition

Éditeur
Vents d'Ouest
Titre et numéro de la collection
Ado - 29
Genre
Fantastique
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
158
Lieu
Hull
Année de parution
2000
ISBN
9782895370093
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

En route pour les vacances, Élise et Alfred s’engueulent copieusement, comme d’habitude, lorsqu’arrive l’accident. Élise, mère monoparentale, excédée par la mauvaise foi et l’humeur massacrante de son rejeton, fait une fausse manœuvre qui mène à l’emboutissage de son antique Coccinelle par une camionnette. Alfred, le fiston ado qui n’arrête pas de ronchonner, y perd la vie. Mais pas illico. Pendant les minutes, les heures que dure son agonie, il revit des moments, quelques événements des jours et des mois qui viennent de passer, les relations de plus en plus tendues avec sa mère, il revoit Tristan, un « ami » qui l’entraîne vers la délinquance. Il prend même le temps de s’imaginer des vacances, un été comme un refuge où se terrer, où fuir la mort et mettre en scène toutes les questions irrésolues qui l’affligent.

Alfred brûle de savoir qui est son père, de quoi avaient l’air ses grands-parents, et leur chalet dont Élise lui a si souvent parlé, quelle avait été l’enfance de sa mère, ses vacances. Mais il ne sait rien. Ou si peu. Aussi devra-t-il subir plusieurs morts symboliques avant que la seule importante, la vraie, ne le rattrape. Il aura néanmoins eu le temps d’inventer des réponses à toutes ses questions et de se réconcilier avec sa mère, de manière symbolique faute de mieux, dans le chalet rêvé, celui des fabuleux étés de l’enfance de sa mère et de la mort de son grand-père.

Commentaires

Le Secret des brumes fait le récit d’une agonie et d’un été rêvé à mi-chemin entre la vie et la mort. Les événements de cet été irréel se succèdent dans une atmosphère feutrée, étrangement silencieuse, où le temps est immobile. Une brume omniprésente étouffe les paysages, bouche l’horizon, atténue la vivacité des couleurs et l’éclat de la lumière. Les personnages entendent des voix, rencontrent des fantômes, assistent en spectateurs impuissants à des événements passés ou futurs, voire potentiels. Bref, l’auteur assemble pièce par pièce une batterie d’accessoires fantastiques ou surréels et crée un climat irréel, en parfait accord avec le ton allusif qu’il emploie pour traiter de thèmes ambitieux comme la mort et la relation parent-enfant.

On pourrait croire qu’il s’agit là de questions bien sérieuses à débattre dans un simple roman jeunesse. Michel St-Denis démontre pourtant qu’on aurait tort : il expose une vision de la vie et de la mort, toute une philosophie, des croyances sur l’au-delà, la dualité réalité/irréalité. Il compose un univers symbolique foisonnant mais flou où la mort se montre au mourant, se rappelle à son bon souvenir, le harcèle même, sous la forme d’un papillon au vol erratique. Comme une image de sa légèreté et de son imprévisibilité.

Côté technique, la narration se construit par fragments, par brèves séquences, elle est traversée d’ellipses et s’appuie sur des chapitres courts. L’écriture est soignée, d’une qualité bien supérieure au style journalistique habituel même s’il arrive à l’auteur, en quelques rares occasions, de forcer l’image ou d’appuyer un peu fort. Au total, il fait la preuve de son habileté ainsi que de ses dons de conteur hors du commun. Son audace et sa maîtrise lui permettent de mélanger climats et flashbacks, visions surnaturelles et douloureuses saillies de réalité tout en maintenant la cohérence du récit. J’ignore si l’auteur considère avoir atteint ses objectifs, mais du point de vue du lecteur, il tient son pari haut la main. [RG]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 162-163.

Prix et mentions

Prix littéraire de l'Abitibi-Témiscamingue 1999

Références

  • Lafrance, Pierre-Luc, Ailleurs 2, p. 79-80.
  • Lessard, Valérie, Lurelu, vol. 23, n˚ 2, p. 44.