À propos de cette édition

Éditeur
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
Genre
Fantasy
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Oiseau bleu, vol. XIX, n˚ 11-12
Pagination
291-293
Lieu
Montréal
Année de parution
1939
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Deux petits orphelins peinent à survivre. L’aîné convainc son frère de mendier et, pour susciter la pitié des gens, de se crever les yeux. Trahi par son frère qui croit l’avoir tué, le cadet se réfugie dans un arbre où il apprend le secret d’un ours, d’un lion et d’un loup réunis au pied de l’arbre. Il se sert de l’un de ces trois secrets pour recouvrer la vue, puis il accumule une fortune en pièces d’or grâce à eux en guérissant le fils du roi, en redonnant la vue à la reine-mère et en rétablissant la source d’eau d’un village à sec.

Première parution

Secrets du lion, de l'ours et du loup (Les) 1916

Autres parutions

Commentaires

Le conte est un formidable révélateur de la nature humaine qu’il expose sans filtre. S’y manifestent aussi bien l’esprit de sacrifice que la cruauté, la trahison, la vengeance, la mesquinerie ou l’amour de l’argent qui finit par corrompre. C’est un peu tout cela que met en évidence « Les Secrets du lion, de l’ours et du loup ».

Ainsi, l’aîné se débarrasse de son frère aveugle en le jetant dans la rivière malgré sa promesse de ne pas l’abandonner, tandis que le roi dévoile son côté mesquin et pingre en voulant renier en partie son engagement à la suite de la guérison rapide de son fils. 

Pour sa part, le jeune frère fait preuve d’abnégation en se mutilant les yeux puis, devenu riche au moment où il revoit son frère qui implore son pardon, il n’hésite pas à planifier sa vengeance. En lui demandant de se rendre à l’arbre où il avait trouvé refuge, il sait très bien qu’il l’envoie à sa mort car les trois animaux qui s’y réunissent vont déduire qu’il est responsable des secrets éventés. Si l’opportunisme du cadet à l’égard du roi et de la reine-mère peut se justifier pleinement, sa soif de richesse suscite en revanche le malaise quand il monnaie son aide aux villageois en réclamant leurs économies. Cette recherche immodérée de l’argent qui confère le pouvoir et la respectabilité rappelle trop le système capitaliste basé sur le profit et dépourvu de morale.

Dans les contes, les animaux agissent souvent comme adjuvants du héros en lui procurant un avantage – un objet magique ou une information cruciale – dont il fera bon usage. Les trois animaux du titre partagent leur secret contre leur gré mais quel était leur intention ? Est-il crédible de penser qu’ils auraient pu en tirer profit comme l’a fait le jeune orphelin ? Rien n’est impossible dans l’univers du conte où il n’est pas rare de voir le monde des animaux communiquer avec celui des humains.

« Tiré des Contes populaires canadiens de C.-Marius Barbeau et adapté par Testis » comme l’annonce l’incipit du texte, ce conte laisse songeur car la représentation de l’être humain n’a rien de réjouissant. Force est de constater que les deux seuls personnages probes sont des femmes, soit la reine-mère et sa petite-fille que l’orphelin, devenu l’homme le plus riche du royaume, épousera. Non, les contes de fées, malgré une finale célébrant la réussite, échouent parfois à imposer une image idéale du monde. [CJ]