À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 78
Pagination
11-13
Lieu
Hull
Année de parution
1988
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Marie assiste, désemparée, à l’émergence et au développement du SGV (“stuff gris-vert”). Elle remarque d’abord le phénomène chez les anima­teurs de télévision, puis se rend compte qu’il atteint toute la population sans que personne ne s’inquiète de cette “dermangite galopante”. Au fil des jours, la tache devient tridimensionnelle et se transforme en pustule d’où surgit un œuf, puis un ange. Un ange gardien, dévoué à l’humain qui l’a couvé…

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Commentaires

Une situation de crise, la maladie épidémique qui se transforme en événement heureux, voire cocasse, voilà qui forme à prime abord une idée intéressante. Comme le résumé l’indique, le texte tend vers l’horreur, accentuée par les inquiétudes de la protagoniste et le silence autour de la maladie. Or, la tension ainsi suscitée est rompue par l’apparition de l’ange ; le texte se colore désormais de merveilleux et frise le rose bonbon.

Visiblement, cette rupture est voulue par Dubé. Toutefois, son manque de force empêche la transformation de la crainte en libération. Le lecteur est faiblement poussé par une tension vers l’horreur, amoindrie par l’amas de détails secondaires. La réorientation du texte, amusée ou ironique, n’ap­paraît pas suffisamment vigoureuse pour équilibrer le récit. Elle n’occupe en effet qu’un espace relativement restreint.

En outre, l’écriture simple, voire familière, émaillée de quelques plaisanteries, ne permet pas le déploiement de l’horreur. Par contre, les pointes d’humour sont alourdies par de nombreuses longueurs. Celles-ci entravent l’orientation bouffonne qui aurait mis en valeur l’apparition des anges. La conclusion facile, construite sur un jeu de mots, tombe à plat.

« SGV » soulève aussi des questions qui, non expliquées, handicapent la solidité du texte. Comment ne pas se rendre compte d’une maladie de peau, exposée au regard ? Cette invraisemblance psychologique se répercute aussi au niveau médiatique. Il est difficile de croire que la télévision ait passé sous silence la maladie épidémique. Enfin, la raison même de l’existence de cette dernière reste un mystère total. L’apparition des anges est-elle liée à un manque de communication entre les êtres ou de connais­sance de soi ?

Le texte de Jean-François Dubé présente des qualités indéniables d’humour et de fraîcheur. Il s’agit maintenant d’en asseoir l’orientation fictionnelle puisque « SGV » témoigne d’une inadéquation entre la volonté de l’auteur et le résultat textuel, entre le contenu et la forme. [SB]

  • Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 65-66.