À propos de cette édition

Éditeur
Fides
Genre
Science-fiction
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
279
Lieu
Montréal
Année de parution
1991
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Simon-Auguste Tremblay, le narrateur, raconte les « courants passés, présents et à venir » du « fleuve de (sa) vie ». Dans le présent, entre sa fille Isabelle et ses ravissantes maîtresses, il rédige Le Signe de l’étoile, littéralement habité par ses personnages, et fonde une coopérative de livres usagés. Dans sa vie précédente, Simon-Auguste, réincarné sous les traits de Dominique Bourgeon, délivre son sorcier de père ainsi que tout son peuple d’une faille dimensionnelle où ils étaient prisonniers. Dans le futur ou l’ailleurs, se déroule la vie des extraterrestres qui peuplent le roman du narrateur et qui viennent de temps en temps lui rendre visite. Ils s’apprêtent à élever le niveau de conscience des Terriens, devenus égoïstes et agressifs. En induisant chez ces derniers la mutation qui leur fera retrouver l’amour infini, ils leur permettront de quitter la Terre avec leurs sauveurs. L’auteur-narrateur du Signe de l’étoile, ainsi que sa fille et sa dernière maîtresse seront, bien sûr, du voyage.

Commentaires

Il est regrettable que nous ne sachions rien de l’auteur ni du public auquel il souhaite s’adresser. Le projet de Clermont Picher est généreux au premier abord : l’auteur veut, semble-t-il, nous faire partager son désir pour quelque chose de vraiment nouveau, son aspiration à une « mutation globale », à plus d’harmonie et d’amour sur la terre, à la venue d’extraterrestres.

C’est pourtant la tranche « présent » du récit qui semble la plus chargée de joie de vivre, de tendresse, de dynamisme. Ce roman (c’est peut-être un premier roman ?) me semble quand même entaché de lourds défauts ou, du moins, d’énormes maladresses. Signalons d’abord ces innombrables fautes d’orthographe dont tout le texte, hélas, est tragiquement truffé (mais que fait donc Fides ?). Et que dire d’un roman où, malgré une certaine chaleur, l’enfant et les personnages féminins servent presque uniquement de faire-valoir au narrateur (pour ne pas dire le héros), où ce même narrateur nous fait savoir qu’on risque de contracter des MTS auprès des étrangères, même ravissantes ?

Le Signe de l’étoile paraît surtout parcouru par une idéologie, disons, douteuse : l’auteur semble vouloir nous convertir à une sorte de Nouvelle Religion apportée par une Race supérieure venue d’ailleurs, et transmise par des « anges » (qui parlent en majuscules) au ton moralisateur. Sur fond de luminix, de bulles télépathiques, de fréquence vitale et de pensée positive, le roman de Clermont Picher nous transmet l’image d’une révélation et d’un salut imposés, sous une apparente douceur, par des extraterrestres aussi conquérants que lumineux, qui, au nom de l’amour, « nettoieront » la Terre de ceux qui refuseront d’être sauvés.

À travers un jargon physico-mystique, se fait jour une pensée magique qui abolit instantanément toute douleur, tout obstacle, dans les trois plans où se situe le récit : en modifiant la vitesse atomique, la fréquence des vibrations ou le niveau d’énergie, on se protège sans difficulté des tempêtes de météorites, on se console sans problème d’un deuil, on ouvre sans mal la faille dimensionnelle, sans autre effort que ce réglage instantané, ou plutôt, ce court-circuit généralisé de la réalité imaginée.

On est loin des jeux splendides et beaucoup plus signifiants de Dick et de Jeury avec les forces de leurs univers imaginaires. Dans le roman de Clermont Picher, on apprend incidemment que la pensée est faite d’hydrogène, que les extraterrestres peuvent débloquer les neurones spirituels (par augmentation de la vitesse atomique de la matière) pour amener les Terriens à la vie nouvelle. Bref, dans Le Signe de l’étoile, tout arrive pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais cela ne fait pas le meilleur des romans.

Et pourtant, Le Signe de l’étoile n’est pas inintéressant, malgré tous ses défauts, car il est peut-être représentatif de certains courants de notre époque. On peut le lire comme un signe, un témoignage désordonné, réducteur mais vivant, de certaines aspirations du monde contemporain : aspirations encore vagues, encore coupées de la réalité, vers une mutation radicale, vers une source capable de l’engendrer. Souhaitons qu’un tel roman ne soit qu’une étape et que d’autres œuvres (de la véritable SF, peut-être), en les montrant, sans court-circuit, comme possibles dans la fiction, sachent mieux parler de l’espoir et du changement. [HC]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 136-138.

Références

  • Montpetit, Charles, Lurelu, vol. 14, n˚ 3, p. 18-19.