À propos de cette édition

Éditeur
Du Gaymont
Genre
Fantastique
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
261
Lieu
Chicoutimi-Nord
Année de parution
1996
Support
—> Un exemplaire papier serait le bienvenu…

Résumé/Sommaire

Hélène, urgentologue à l’hôpital Royal Victoria, achète une maison pour laquelle elle a ressenti un véritable et inexplicable coup de foudre. Elle apprend peu après qu’un triple meurtre a été commis vingt-cinq ans plus tôt dans cette demeure et que les trois victimes ont un lien de famille avec elle. Quand Hélène était enfant, sa mère s’est remariée avec Philippe Harvey, un bijoutier. C’est sa femme Gloria et leurs deux filles, Jessika et Catherine, qui ont été assassinées. Leur fils adolescent Jason, trouvé drogué sur les lieux et l’arme du crime à la main, a été accusé des meurtres. Au plus profond d’elle-même, Hélène, sa demi-sœur, ne croit pas à la culpabilité de Jason quand Philippe lui révèle ce secret familial – on lui avait dit qu’elles étaient décédées dans un accident de voiture. Évidemment, la famille est bouleversée quand elle se rend compte qu’Hélène vit dans la maison où s’est déroulé jadis le drame.

La jeune femme, qui a rompu avec son amoureux, rencontre Steeve, le frère cadet du mari de sa meilleure amie, Rachel. Elle entame une relation amoureuse avec lui mais il doit bientôt superviser un contrat de construction à Québec pour le bureau d’architecte de son frère. La situation s’avère difficile pour Hélène car depuis son emménagement dans la maison, des événements bizarres se produisent. Des objets sont déplacés à son insu, des mots s’écrivent sur les murs, des bruits insolites se font entendre. De plus, Hélène fait un cauchemar récurrent dans lequel elle poursuit un homme avec une cicatrice en forme d’étoile derrière l’oreille droite. Bientôt, deux spectres lui apparaissent, ceux de Gloria et de Catherine, qui lui demandent de trouver leur assassin afin de reposer en paix et de disculper Jason. À la suite d’autres événements étranges qui ont lieu à l’extérieur de la maison, Hélène consulte une psychologue qui, sous hypnose, lui fait remonter le temps. Il s’avère qu’elle est la réincarnation de… Jessika.

Dès lors, elle est convaincue de l’innocence de Jason avec qui elle entretenait une belle complicité dans son autre vie et est résolue plus que jamais à démasquer l’assassin. Elle découvre finalement qu’il s’agit de son « oncle » Alex dont elle est proche, qui n’est pas véritablement son oncle mais l’ex-associé de son père au moment des tragiques événements de 1970. Impliqué à l’époque dans un trafic de drogue, Alex avait dû se résoudre à éliminer la femme de son associé et ses deux filles parce que Gloria était sur le point de révéler cette information à son mari. Soupçonnant qu’Hélène s’apprête à découvrir la vérité, Alex se présente chez elle pour la tuer mais les deux spectres se servent de leur énergie pour soulever les objets et assaillir l’homme.

Commentaires

Je n’ai aucun scrupule à dévoiler la fin de l’histoire car Sika ou La Porte des cauchemars est un roman à l’intrigue convenue et invraisemblable, sans compter qu’il est mal écrit et bourré de fautes. Un désastre sur toute la ligne ! Ce « thriller » mêlant fantômes, réincarnation et poltergeists s’inscrit au premier rang des pires inepties que j’ai lues depuis plusieurs années. Que le Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean ait cautionné ce livre en attribuant à l’auteure le prix Découverte en 1997 est proprement scandaleux. C’est dévaluer les prix littéraires dans leur ensemble et donner raison à leurs détracteurs qui prétendent qu’il existe trop de prix au Québec.

L’histoire imaginée par Thérèse Bergeron est un ramassis de clichés, de redites et d’invraisemblances. Elle aurait pu être résumée en une nouvelle de trente ou quarante pages tout au plus tant elle est gonflée artificiellement par un flot de verbiage sans intérêt. Souvent l’auteure recrache sous forme dialoguée pour le bénéfice de l’interlocuteur d’Hélène – son chum Steeve, sa meilleure amie Rachel, son demi-frère Jason, etc. – les informations livrées dans une scène du chapitre précédent. La redondance n’est pas le moindre défaut de ce roman. Les incohérences psychologiques sont innombrables. Combien de fois un personnage, au cours d’une conversation, répond-il avec véhémence (selon ce que rapporte l’auteure) alors que rien ne justifie un tel comportement ? Dans d’autres situations, les gestes contredisent tout simplement les paroles. Exemple dans un dialogue : « Non, vas-y, lui répondit-il d’un signe de tête affirmatif. » Depuis quand un « non » a une valeur affirmative ?

Un roman à l’intrigue peu inspirée ou prévisible peut néanmoins retenir l’intérêt quand l’écriture transcende le réel et est supportée par un style personnel. Or Thérèse Bergeron ne sait pas écrire, visiblement. Les fautes de français – particulièrement le temps et la conjugaison des verbes – sont légion, ce qu’un éditeur consciencieux aurait veillé à corriger. Elle commet des pléonasmes et des anglicismes à un rythme effarant (« quoique ne travaillant pas sur le même département ») et n’utilise pas toujours le bon mot pour exprimer sa pensée. « Il était indéniable de se rencontrer un jour ou l’autre » alors qu’il aurait plutôt fallu dire inévitable. Un autre exemple pour faire bonne mesure ? « Tout dépend du prix que vous désirez investir. » On investit un montant et non un prix. L’écriture de Thérèse Bergeron est gangrenée d’approximations et d’impropriétés.

Inutile d’en rajouter : sa contribution « littéraire » ne mérite pas l’espace qu’on lui consacre ici. La dame a publié un deuxième roman en 1999, Opération chérubin, qui ne relève pas heureusement des genres de l’imaginaire. Qu’on me permette de passer mon tour ! [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 28-30.

Prix et mentions

Prix littéraire du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean (Découverte) 1997