À propos de cette édition

Éditeur
Typographie de la « Gazette »
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Les Nouvelles Soirées canadiennes, vol. III, 9e livraison
Pagination
439-441
Lieu
Montréal
Année de parution
1884

Résumé/Sommaire

Le 3 mai 1782, quatre hommes accompagnés d’une sauvagesse voient émerger du lac Supérieur une sirène. Les pêcheurs tentent de capturer l’étrange créature. En vain. L’Indienne leur prédit une tempête pour avoir osé s’en prendre à la déesse des Eaux et des Lacs. De fait, le soir venu, un vent violent se lève. La tempête fait rage pendant trois jours. D’autres voyageurs ont par la suite vu la créature près de l’île Paté. Mais, depuis quelques années, elle ne se montre plus. Serait-elle disparue ? Voilà ce que rapporte le narrateur alors qu’il navigue non loin de l’île, dans l’espoir de surprendre l’être fabuleux.

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Commentaires

Dans ce court texte à mi-chemin entre le merveilleux et le fantastique, LaBruère s’intéresse essentiellement au personnage de la sirène. Mais attention, il ne s’agit pas ici de l’être fabuleux qui, de son chant, envoûte les hommes pour mieux les perdre, mais plutôt d’une déesse au visage d’enfant que vénèrent les Amérindiens. Voilà donc une histoire qui diffère de celles auxquelles les conteurs de l’époque nous ont habitués. La déesse des Eaux et des Lacs remplace ici le diable et ses acolytes.

Malheureusement, le récit de LaBruère ne présente que peu d’intérêt sur le plan narratif. L’ouverture nous apprend la disparition de la sirène. Le narrateur atteste ensuite la véracité des faits rapportés, précisant qu’en 1812, un témoin sous serment a raconté ladite scène. Enfin, LaBruère décrit la sirène (corps d’enfant, nez petit, yeux très brillants, teint noirâtre), la tentative de capture et la tempête. Tout est raconté froidement, rapidement, sans éclat et sans style.

Le bon conteur fantastique sait créer des atmosphères propices à l’avènement de l’étrange, ébranler les sceptiques, éveiller les peurs et les angoisses profondes. Rien de tel dans « La Sirène du lac Supérieur ». La découverte de la créature ne suscite pas d’inquiétude. Les hommes se montrent simplement curieux. Même la tempête (colère de la déesse) reste sans conséquence. En fait, je ne sais ce qu’a vraiment voulu montrer LaBruère. Que la civilisation et l’intolérance des Blancs avaient fait disparaître la culture amérindienne ? Dommage alors que l’auteur ne maîtrise pas plus les ficelles de la narration et que l’écriture soit si peu « littéraire ». [RP]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 110-111.