À propos de cette édition

Éditeur
Cosmos
Titre et numéro de la collection
Amorces - 8
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Histoires, contes et légendes
Pagination
23-27
Lieu
Sherbrooke
Année de parution
1971

Résumé/Sommaire

Le commandant américain Bill McGregor et la lieutenante russe Nina Petrovitch se rencontrent dans l’espace et tombent immédiatement amoureux. Ils marquent cet événement par la fusion de leurs capsules spatiales, qui fait office de mariage, mais une panne de carburant les force à alunir d’urgence. Le couple, loin de s’alarmer, profite de la solitude pour fêter son union, et Nina tombe enceinte après s’être méprise sur la pilule à ingérer. Cet événement fera en sorte que leurs derniers mois à épuiser les vivres avant la mort se dérouleront au milieu de froides tensions.

Commentaires

« Soir de terre sur la lune » est un texte léger et sans prétention qui aborde la lutte entre la Russie et les États-Unis pour la conquête de l’espace. Comme on peut toutefois s’y attendre, l’auteur ne résiste pas à intégrer à son histoire quelques stéréotypes : Nina colore ses lèvres d’un rouge « très, très soviétique » (p. 24) et se sert d’une de ses bottines « en guise de faucille, de masse ou de marteau, tout comme, naguère, un certain Nikita… » (p. 25) ; Bill, lui, règle les conflits en tentant de contacter « la belle-mère à Moscou » et « l’Oncle Sam à la Maison blanche » (p. 25).
Sur le plan stylistique, l’auteur multiplie les jeux de mots et les néologismes, notamment en interchangeant systématiquement les termes « lune » et « terre » : par exemple, le couple vit sa « terre de miel » (p. 23), se couche « par lune » (p. 23) et se résigne à « enluner la hache de guerre » (p. 26), sans compter la conception de l’amour trop « lune-à-lune » (p. 25) que Nina reproche à son mari. Ces jeux de mots auraient pu être intéressants s’ils n’étaient pas compromis par la polysémie du terme « terre », qui renvoie non seulement à la planète, mais aussi, bien sûr, au sol et à la matière et, surtout, s’ils n’étaient pas ainsi expliqués par l’auteur dans une note infrapaginale nous précisant que « les expressions de ce genre, apparemment absurdes, sont justifiées par le contexte et la langue d’usage des deux personnages » (p. 23). Il est difficile de comprendre ce qui a motivé l’ajout de cette précision suffisamment implicite, d’autant qu’il s’agit de la seule note du genre dans le recueil.
Du reste, s’il est vrai que les personnages possèdent un langage qui leur est propre, on comprend mal comment ils en sont venus à le développer compte tenu que l’histoire se déroule avant même le premier voyage sur la Lune. Cette information, révélée à la dernière phrase, entre a priori en contradiction avec tout le reste du récit, qui laisse croire, notamment à travers une description futuriste des vêtements, que les événements ont lieu dans un avenir lointain où les voyages spatiaux sont pratiqués sur une base régulière par les Terriens.
La nouvelle est conçue sur un ton ludique qui vise à arracher un sourire au lecteur, mais les nombreuses contradictions qu’elle renferme pourraient en amener plus d’un à grincer des dents. [CaJ]

  • Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 188-189.