À propos de cette édition

Éditeur
Fleuve Noir
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Paru dans
Escales 2000
Pagination
451-539
Lieu
Paris
Année de parution
1999
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Sforzino, un soldat de sucre nouvellement cuit, est appelé à faire la guerre sous les ordres de l’Enfant. Mais Sforzino n’est pas un soldat de sucre comme les autres : il est défectueux. Une partie de sa substance a adhéré à son moule lorsqu’il en est sorti, ce qui fait qu’il possède un savoir incomplet sur le Règlement. Il ne sait pas toujours ce qu’il doit faire et il lui arrive de discuter les ordres de son lieutenant.

Quelques jours après sa confection, les Ennemies lancent une attaque massive contre les quartiers de l’Enfant, qui doit prendre la fuite. Sforzino, seul survivant de sa section au terme d’un dur combat, croise le chemin du fuyard et voit son escorte se faire décimer par une bombe. Épuisé, le soldat de sucre prend quand même l’Enfant en charge et le protège au péril de sa vie. Finalement, l’armée est reconstituée et l’Enfant peut retourner chez lui, mais Sforzino, vidé, a le sentiment d’avoir accompli son devoir au-delà de ce qu’on pouvait lui demander. Il décide de déserter.

Secrètement, il désire servir l’Infante après avoir servi l’Enfant. Mais une fois chez l’Ennemie, il découvre que l’Infante est morte et que c’est une poupée qui la remplace. Cela ne fait pour lui aucun sens. Comment la partie peut-elle continuer si l’Infante est décédée ? Après avoir reçu les explications de la poupée commandante, Sforzino doit faire un choix : rester chez les Ennemies ou repartir chez les siens. Mais quelle que soit sa décision, la partie continuera…

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Commentaires

Énigmatique, très énigmatique… et très original. Au début, le lecteur a l’impression de se trouver dans un conte où un enfant joue à la guerre avec des jouets animés. N’est-ce pas un ours en peluche, maintes fois rapiécé, qui commande les soldats de sucre ? N’est-il pas assisté par deux clowns de chiffons ? Les prisonnières de l’armée et les Ennemies ne sont-elles pas des poupées ? Ce qui contribue encore à créer cette impression, ce sont les clins d’œil faits au conte d’Andersen, « Le Stoïque Soldat de plomb ».

L’histoire racontée est en effet celle de Sforzino, un soldat de sucre appartenant à un enfant et qui, contrairement aux autres soldats de sa section, a un défaut de fabrication. Comme le petit soldat de plomb, il tombe amoureux, au premier regard, d’une ravissante poupée. Et l’histoire est présentée à travers son point de vue, le point de vue d’un soldat jouet qui ressent fortement sa différence. Mais là s’arrête la comparaison. En effet, plus le lecteur progresse dans le récit, plus il découvre des choses qui lui font remettre en question la première impression qu’il a eue. L’Enfant est décrit comme ayant la peau flasque, plissée et ridée, il est vieux : il agit pourtant comme un enfant et en a les caprices ; l’Infante, qui avait presque le même âge que l’Enfant, est morte de vieillesse ; la maison de l’Enfant a été détruite par les bombes des Ennemies et l’Enfant a été secouru par Sforzino, ce qui vient infirmer l’hypothèse selon laquelle nous serions dans un monde où un enfant joue à la guerre avec ses jouets. Mais nous sommes quand même dans un jeu puisque l’on finit par apprendre, par un dédale d’indices, que c’est une partie qui se joue… Bref, nous sommes dans un univers à la structure et au fonctionnement très énigmatiques, un monde que Meynard, à travers une intrigue bien ficelée, nous présente de façon très allusive. Ce dans quoi il excelle d’ailleurs.

Outre son originalité et son intérêt du point de vue littéraire, cette nouvelle peut être vue comme une métaphore d’une certaine partie du monde où la guerre, rendue banale, est presque devenue une façon de vivre, où le combat contre l’ennemi et la différence, la mort de l’ennemi, justifient à eux seuls l’existence des combattants. Pour que les poupées Ennemies de « Soldats de sucre » continuent à exister, le texte ne dit-il pas qu’il faut la guerre ? Le fait que Meynard puisse rendre compte d’une telle situation à travers un récit comme celui-ci témoigne encore une fois de son imagination débordante et de sa capacité à créer, grâce à une technique parfaitement maîtrisée, des mondes parallèles solides, intrigants et mystérieux. Intelligent, original, « Soldats de sucre » nous offre de la grande science-fiction. [SN]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 123-124.