À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Beauchemin
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Contes étranges du Canada
Pagination
29-41
Lieu
Montréal
Année de parution
1962

Résumé/Sommaire

Au début des années 1800, la ferme des époux Mac Donald, Écossais établis dans un petit village d’Ontario, devient le théâtre d’événements aussi étranges qu’inexplicables : des bruits de pas emplissent la salle commune tous les soirs après minuit, des meubles et des objets se déplacent tout seuls, des objets que personne ne lance pénètrent dans la maison à toute heure du jour et de la nuit. Ces phénomènes perdurent durant des années, angoissant les époux, mais ne semblant pas émouvoir Jane, une jeune cousine déficiente intellectuelle que les Mac Donald ont recueillie à la mort de ses parents.

Au bout de trois ans, un homme qui se dit chasseur de sorcières se présente, avec sa fille, à la ferme des Mac Donald, prétendant détenir la solution de l’affaire. Les événements incompréhensibles qui se produisent seraient le fruit d’un sort jeté par une sorcière ennemie des Mac Donald et, pour neutraliser cette femme, il suffirait de tirer avec une balle d’argent sur un oiseau récemment apparu dans la région. En blessant ce dernier, on blesserait la sorcière. Chose dite, chose faite : l’oiseau est blessé à l’aile gauche et, avec lui, une vieille dame du village voisin avec qui John Mac Donald s’était disputé trois ans auparavant. Cependant, au moment où le chasseur blessait l’oiseau, Jane aussi se blessait au bras gauche…

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Commentaires

Avec ce dénouement, Louise Darios tente de laisser planer le doute : la sorcière était-elle la vieille Ann Mac Gregor ou Jane, la cousine des Mac Donald ? Cette dernière hypothèse ne résiste toutefois pas longtemps à l’examen. Pourquoi Jane, que ses cousins ont recueilli et de qui ils prennent soin comme de leur propre enfant, leur aurait-elle jeté un mauvais sort ? Rien dans le texte ne vient le justifier. En outre, quand la fille du chasseur de sorcières regarde dans sa pierre de lune, c’est Long Low Log House, le village où vit Ann Mac Gregor, qu’elle aperçoit. Si Jane est la sorcière, pourquoi est-ce l’endroit où vit Ann qui apparaît dans la pierre ? En voulant semer le doute et créer un dernier instant de suspense, l’auteure ne réussit ici qu’à affaiblir davantage un récit déjà miné par de nombreux défauts.

La plus grande – ou du moins la plus dommageable – de ces lacunes est le fait que Darios ne parvient pas à recréer le climat d’anxiété et d’oppression dans lequel vivent les personnages de la nouvelle. Ces derniers n’ont aucune profondeur, ce qui fait que le lecteur n’arrive pas à partager leur angoisse face aux événements inquiétants qui surviennent. Cela ne pardonne jamais quand on écrit du fantastique. La maîtrise imparfaite de la langue, et particulièrement de la ponctuation, vient aussi nuire au récit. C’est d’ailleurs une constante dans toutes les nouvelles du recueil : il y a des fautes d’orthographe d’usage et d’orthographe grammaticale, la syntaxe est souvent étrange et la ponctuation est fautive au point où ça en est agaçant. L’auteure semble vouer un véritable culte à la virgule, qu’elle place un peu partout dans ses phrases au mépris, très souvent, des règles les plus élémentaires. Le style s’en trouve considérablement alourdi et la lecture de la nouvelle en devient pénible.

Toutes ces faiblesses pourraient s’expliquer (mais non s’excuser !) par le but que poursuivait Louise Darios en écrivant les Contes étranges du Canada, recueil de nouvelles de genres divers dont fait partie « La Sorcière était écossaise ». À une époque où l’affirmation d’une identité culturelle était prépondérante, l’auteure avait décidé, comme elle le dit dans sa préface, de « recueillir, d’un océan à l’autre, l’aventure, l’incident, la croyance » pour rappeler au Canada son folklore. Aux qualités littéraires, elle préférait visiblement l’anecdote et sa nouvelle en souffre. Car il ne suffit pas de consigner l’événement fantastique, il faut savoir le raconter pour qu’il frappe l’imagination. Soyons toutefois juste : tout le recueil n’est pas à cette image. Certains récits sont davantage soignés et viennent toucher le lecteur, l’émouvoir, le faire rire. Mais dieu ! que la ponctuation est dérangeante… [SN]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 62-63.