À propos de cette édition

Éditeur
Des Glanures
Titre et numéro de la collection
Les jeunes pousses
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Au hasard du désir
Pagination
79-104
Lieu
Shawinigan
Année de parution
1993

Résumé/Sommaire

La narratrice s’éveille un matin dans le corps d’un jeune homme. Elle noue des liens chaleureux avec Ted, un copain de classe. L’héroïne éprouve cependant la nostalgie de son état antérieur. Elle cherche du réconfort auprès de Ted mais ce dernier l’évite. Elle comprend pourquoi lorsqu’au cours d’une visite inattendue de sa part, il pose ses lèvres sur les siennes. Toutefois, il ne peut faire abstraction de son corps de garçon. Le lendemain, la narratrice s’éveille dans un autre corps, celui d’une femme d’une grande beauté mais égocentrique. Elle tente de séduire le petit ami d’une autre mais échoue. La narratrice se rend compte que dans cette seconde transformation, elle a piétiné ses valeurs fondamentales. Elle décide de redevenir la femme au grand cœur qu’elle était auparavant.

Commentaires

L’idée à la base de cette histoire est peu originale mais elle demeure intéressante dans la mesure où elle pourrait permettre d’explorer différents comportements sociaux à travers le prisme d’un seul personnage. Pour y arriver de manière honnête et captivante cependant, il aurait fallu que l’auteure ait une connaissance plus approfondie de quelques milieux sociaux dissemblables. Elle tombe facilement dans le poncif, d’abord avec un personnage de jeune homme qui, ayant perdu son père, devient une sorte de fils idéal pour sa mère ; ensuite, avec une jeune femme belle, riche et manipulatrice qui se distrait à des jeux de séduction dignes des Liaisons dangereuses.

Le fait que la narratrice détourne les personnages qu’elle habite de leurs comportements originels pour les remettre sur une voie plus « morale » fait immanquablement penser à la série américaine Quantum Leap. L’auteure force le trait en matière de bons sentiments. De plus, on ne sait pas toujours très bien où veut en venir Zoé Caron puisqu’elle aborde pêle-mêle plusieurs thèmes des plus valables sans les approfondir de manière satisfaisante. Les personnages tout comme les décors sont décrits superficiellement. L’héroïne émet également quelques réflexions plutôt loufoques, comme celle-ci par exemple après sa première transformation : « Les influences cosmiques se sont fourvoyées avec le destin et m’ont abandonnée à cette vie… » On dirait une citation repiquée à partir d’un livre d’astrologie ou de développement personnel.

La nouvelle finit assez brusquement sur cette phrase énigmatique : « Et surtout, je savais. » Fait-elle référence à une plus vaste expérience de la vie acquise en passant d’une existence à l’autre ou parle-t-elle plutôt de la jeune femme qu’elle rencontre dans sa dernière incarnation et qui lui rappelle celle qu’elle était auparavant, rencontre déterminante qui l’amène à changer son attitude ? La thèse de l’auteure n’est pas claire.

Autre faiblesse du récit par omission : après sa première réincarnation, l’héroïne rencontre Ted qui était son petit ami lorsqu’elle habitait son corps d’origine mais, dans cette nouvelle existence, Ted ne l’a jamais connue sous sa forme féminine. Il faut donc en déduire que la narratrice change non seulement de corps mais qu’elle se déplace aussi dans des univers parallèles.

Pour le reste, c’est écrit correctement mais le style est assez plat, quoique par endroits, Zoé Caron parvient à créer un certain rythme qui s’adapte à l’atmosphère de l’épisode en cours. Malgré tous les défauts énumérés, il faut garder à l’esprit que « Sous mon visage » est publiée dans un collectif consacré à des premiers textes de jeunes auteurs. [DJ]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 49-50.