À propos de cette édition

Éditeur
Samizdat
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Samizdat 18
Pagination
29-42
Lieu
Laval
Année de parution
1990
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Des souvenirs anciens se déroulent devant lui et, tout à coup, il est devant un bar. Là, on lui dit qu’il s’appelle Courly mais Jef sait bien qu’il ne s’appelle pas ainsi. Le barman n’en démord pas et lui assure qu’il a passé l’après-midi à une table. Jef ne se souvient de rien alors qu’en lui montent cette idée qu’il est Courly… et puis le souvenir de la Silglia, Bonheur pour tous. Affolé, Jef phone au complexe. Quelques minutes plus tard, il est dans l’antre et l’administrateur désigné lui dit de ne pas s’en faire, les cas de réémergence d’un ancien ego ne sont pas plus graves qu’un mal de tête.

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Commentaires

Michel Martin rides again et réussit, comme toujours, à nous surprendre avec un sujet qui, bien sûr, touche de près la corde mystique ou religieuse de l’Homme. Cette fois, un sujet peu ou presque pas abordé en SF : l’oblitération de l’ego. On pense tout de suite, en abordant ce thème, au magnifique Homme programmé de Robert Silverberg. Mais là où Silverberg travaille à sa façon, jouant de la corde émotive, Martin travaille à la Martin, jouant de la corde mystique en amenant finalement cette question : si on oblitère votre ego, vous considéreriez-vous comme mort ?

Belle question, en vérité. Et Martin la développe jusqu’à sa conclusion logique : si l’ego n’est plus l’assise de l’Homme, alors l’Homme ne peut plus croire en Dieu, cet ego du niveau supérieur !

« Souvenir de mort » représente bien ce genre de texte SF qui pousse le lecteur à approfondir sa réflexion sur un sujet donné. Ici sur la définition du moi, mais aussi sur ses limites : qu’arrive-t-il vraiment aux personnes amnésiques si ce n’est la mort de leur ego, et quelle différence y a-t-il entre la mort de l’ego et celle du corps ? L’un peut s’évanouir sans l’autre, nous dit Martin, et nous nageons en pleine science-fiction. La proposition inverse nous est bien connue puisque toutes les religions – ou presque – y ont eu recours : lorsque le corps s’évanouit, l’âme demeure car elle est éternelle. En ce sens, il est tout à fait réjouissant de voir qu’une proposition mystique, lorsqu’inversée, devient une proposition de… science-fiction, dans le cas qui nous intéresse ici, mais surtout une proposition bien près de se réaliser avec les progrès actuels de la science.

Un dernier mot pour parler de l’écriture de Michel Martin. Comme toujours, elle est simple, basée sur une unité de ton et une structure très bien contrôlées, ce qui me semble assez drôle quand on connaît la bicéphalité de l’auteur. D’ailleurs, dans « Souvenir de mort », on ne peut s’empêcher d’établir un certain lien de parenté avec certains textes du regretté Henry Kuttner qui avait le don de trousser des atmosphères étranges en quelques lignes – et qui, coïncidence, a lui aussi écrit en duo avec sa femme, Catherine L. Moore !

Encore un excellent texte du duo le plus connu de la SFQ. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 128-129.