À propos de cette édition

Éditeur
De la Paix
Titre et numéro de la collection
Ados/Adultes - 4
Genre
Fantastique
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
119
Lieu
Saint-Alphonse-de-Granby
Année de parution
1999
ISBN
9782921255868
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Paulo, Charlie, Jimmy et Ludwig sont quatre jeunes de Matane qui ont constitué une bande d’amis unis pour le meilleur et pour le pire. Le grand-père de Paulo lui a légué le sabre d’abordage de Sacramento Richero, un lointain ancêtre qui a pratiqué la piraterie sur le Saint-Laurent au XVIIe siècle. Lorsque Paulo dégaine le sabre pour la première fois, un parchemin tombe du fourreau, qui se couvre de givre. Une ombre que seul Paulo peut voir entre dans la cabane de la bande et le parchemin se met à dégager une lumière spectrale pour attirer l’attention sur son inscription. Lors de la nuit d’initiation que Paulo passe ensuite seul dans la cabane, des manifestations étranges l’assaillent.

Le jour suivant, la petite bande se réunit autour de Jimmy le génie qui navigue sur Internet et tombe sur l’adresse sr@fantome.com qui lui permet d’entamer une conversation avec… Sacramento Richero lui-même, mort depuis 1690 ! Lorsqu’ils auront déchiffré le message du fantôme, ils comprendront qu’ils doivent récupérer les ossements du fils de Richero, enterré au pied du mont Blanc dans la réserve faunique de Matane, et les réunir à ceux de Richero lui-même, pris au piège d’un vaisseau de l’amiral anglais William Phips, coulé près de Baie-Trinité.

Ils entrent alors dans un monde parallèle où une tempête de neige inopinée leur permet de se rendre en traîneau à chiens jusqu’au mont Blanc. Empruntant ensuite le camion du père de Charlie, puis un bateau trouvé fort à propos, ils se rendent de l’autre côté du fleuve, accompagnés par un loup qui est l’incarnation de l’esprit de Sacramento Richero et par un coyote qui essaie de les empêcher d’arriver à leurs fins. Ils remplissent malgré tout leur mission afin que Sacramento et son fils puissent reposer en paix.

Commentaires

Narrée à la première personne par Paulo, cette aventure amoncelle les absurdités sur les invraisemblances dans l’espoir, suppose-t-on, que le petit frisson propre au fantastique finira par en naître. Mais que l’auteure espère inspirer la peur, comme le suggère le résumé en quatrième de couverture, cela dépasse l’entendement.

Le volet historique est bien amené : l’auteure fait le lien avec un épisode authentique de l’histoire de la Nouvelle-France. L’aspect documentaire de l’expédition en traîneau à chiens – construction d’un igloo comprise – est également réussi. Ce sont toutefois les seuls points forts du texte.

Certes, Isabel Vaillancourt a bien saisi l’humour, les blagues plates et les petits rituels qu’affectionnent entre eux les garçons de cet âge, mais ce qui est drôle en direct ne passe pas nécessairement la barrière de la page imprimée. Et puis, il faut un minimum de talent pour faire rire à tous les coups. Or, Vaillancourt n’a pas le doigté nécessaire. Son texte est mal dégrossi, emploie la langue parlée à toutes les sauces et accumule les maladresses. Quand l’auteure ne ressort pas un gag éculé en le massacrant (p. 25), elle fait énoncer une lapalissade au personnage du « génie » (p. 21) – qu’une hypothétique luciole pourrait produire de la bioluminescence alors qu’ils ont postulé l’existence de cette luciole pour expliquer une lueur inexplicable – ou fait parler Charlie d’un bateau qui n’était nulle part dans le décor avant qu’il le mentionne (p. 109).

Sinon, l’incongruité, beaucoup plus que la peur, est au rendez-vous. Sacramento Richero s’exprime censément en vieux français, qui n’était plus vraiment parlé au XVIIe siècle, et il abuse de circonlocutions alors qu’il n’a aucune raison de déguiser sa pensée. Pour satisfaire un élément du rituel, qui fait allusion à de la neige, les quatre garçons doivent se lancer dans une tempête de neige fantôme, qui s’abat sur la contrée en plein juillet et qui n’est visible et sensible que pour eux. Acquérant une invisibilité fort commode, ils traversent donc Matane en traîneau à chiens, puis le pays environnant pour atteindre la tombe recherchée. Or, si la neige souligne les deux seules branches d’un sapin pour lui donner l’air d’une croix, on ne voit pas en quoi elle était nécessaire… surtout que le loup animé par l’esprit de Sacramento va montrer aux garçons l’endroit où creuser !

Enfin, comme dans S.O.S. Maya de Louise-Michelle Sauriol ou Camille et Dominique contre l’artdinateur de Christiane Chevrette et Danielle Cossette, l’ordinateur est doté de pouvoirs occultes : maintenant qu’il ouvre sur Internet, il est apparemment tout désigné pour entrer en contact avec les morts ! C’est soit le signe que l’ordinateur est passé au rang d’objet usuel, qui peut être ensorcelé comme n’importe quel autre objet du quotidien, soit le signe que, pour Vaillancourt, ordinateur et Internet sont intrinsèquement mystérieux et incompréhensibles. Je penche pour la seconde possibilité, qui n’est pas à l’honneur de l’auteure.

Ce roman est paru dans une collection décrite ainsi : « ni pour ados ni pour adultes… mais pour ados presque adultes et adultes encore ados ! » J’ignore si cette curieuse catégorie correspond à une quelconque réalité, mais j’ai du mal à croire qu’un récit aussi puéril puisse intéresser beaucoup de lecteurs adultes ou presque adultes. [JLT]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 172-174.

Références

  • Diotte, Emmanuelle, Lurelu, vol. 22, n˚ 2, p. 47.