À propos de cette édition

Éditeur
Léger Brousseau
Genre
Fantastique
Longueur
Feuilleton
Paru dans
La Kermesse, vol. I, n˚ 4
Pagination
55-57
Lieu
Québec
Date de parution
14 octobre 1892

Résumé/Sommaire

À Québec, les statues de bronze de deux anciens gouverneurs de cette ville, Frontenac et lord Elgin, décident de descendre de leur niche du Palais Législatif afin de se mêler aux invités de la kermesse, « où tout le monde élégant de la ville se donne rendez-vous chaque soir ». Elgin, moins ancien que son compagnon, a l’occasion de revoir des gens qui l’ont côtoyé de son vivant. Au moment de reprendre sa place, Frontenac, à qui l’on demande un souvenir de sa visite, offre un conseil : « Honorez la simplicité et la frugalité. »

Autres parutions

Commentaires

Il se dégage de ce texte, qui ne raconte pourtant l’histoire de deux statues à la kermesse que parce qu’il est lui-même publié dans la Kermesse, la feuille officielle de cet événement, une curieuse nostalgie. Il est certain que les références de Frontenac et d’Elgin à leur époque respective, celle du passé des origines et celle du passé pas si lointain, sont un peu trop appuyées, et les remarques que fait Elgin à madame B… à l’effet que le sculpteur Hébert ne lui a pas donné de chapeau comme à Frontenac, ce qui le fait bien souffrir du froid, et sa demande d’une couverture pour « le petit sauvage du Groupe Indien » qu’il entend souvent tousser, sont des fantaisies qui ont mal vieilli.

Mais, vers la fin, au moment où les deux statues sont revenues dans leur niche et que Elgin se rappelle, les larmes aux yeux, le discours qu’il fit lors de l’inauguration de l’Université Laval, tandis que Frontenac termine par un « Oh ! mes bons Canadiens ! » attendri le bilan du chemin parcouru, on ne peut s’empêcher de ressentir, malgré ou à cause de toutes les années passées, une sorte de léger vague à l’âme.

Il faut noter le rôle qu’ont joué Frontenac et lord Elgin au sein de l’Histoire canadienne (dans le sens ancien du terme). Il est inutile d’épiloguer sur Frontenac. Lord Elgin, lui, fut, au cours du régime anglais, le gouverneur le plus favorable au fait français, ce qui lui valut même d’être lapidé par des Montréalais anglophones en colère quelques heures avant que ceux-ci n’incendient le Parlement canadien, qui se trouvait jusque-là à Montréal. Le choix de ces deux gouverneurs n’a donc rien de gratuit.

À noter aussi l’apparition de Baptiste (archétype du Canadien français) qui, surgissant de nulle part, sert en quelque sorte à faire de la magie quelque chose de réel, puisque c’est lui, à l’aide d’une échelle, qui aide les deux statues à quitter leur niche. [TV]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 95-96.