À propos de cette édition

Éditeur
Stop
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Stop 147
Pagination
n. p. (9 pages)
Lieu
Montréal
Année de parution
1996
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Il est rédacteur pigiste et a développé « une extraordinaire sensibilité aux pensées des autres ». Ce jour-là, en soutenant le regard de trois inconnus qu’il croise dans la rue, il pénètre dans leurs pensées les plus intimes et vit intensément trois situations à caractère sexuel. Au terme du troisième épisode qui le terrasse sur la chaussée, une auto passe au-dessus de son corps et lui écrase les deux mains. Handicapé, il peine à recommencer à écrire mais ne désespère pas.

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Commentaires

Reprise en 1999 dans le recueil Sept mémoires composé de sept nouvelles portant toutes des titres de verbes à l’infinitif, « Subir » est une belle réussite en son genre, un exemple intéressant d’utilisation du fantastique moderne pour aborder la problématique de l’identité, fondement de ce genre littéraire.

La nouvelle présente une variante très riche du thème du double. Le narrateur se dédouble, mais il se dédouble en un autre que lui-même, ce qui crée une situation schizophrénique paniquante pour le protagoniste. Ce n’est qu’après l’accident de voiture qu’il réussit à refaire l’unité de son être. Le moyen pour y arriver est ingénieux et simple à la fois. C’est quand il se dédouble en lui-même en voyant son reflet dans l’eau de la baignoire qu’il se réapproprie sa vie, son identité et son passé. Sa trop grande facilité à se « projeter dans la tête de [ses) clients » l’avait peu à peu amené inconsciemment à se couper de ses affects.

Le sens de la vue est au cœur de la nouvelle car le protagoniste pénètre dans les pensées des gens par leurs yeux. Larocque exploite avec brio ce sens en nous mettant dans la position du voyeur quand il décrit les trois épisodes de « transfert de corps » symbolique du narrateur qui a alors accès aux souvenirs intimes des personnes croisées. Leurs pensées secrètes sont dévoilées dans des passages érotiques très explicites (une scène de séduction, une relation sadomasochiste et le numéro d’une danseuse nue) qui permettent au lecteur d’éprouver le malaise que ressent le protagoniste.

Au premier niveau, la nouvelle de Larocque révèle le désir refoulé du narrateur, rôle que joue généralement le double, puisque la vie affective du protagoniste est inexistante. À un second niveau, « Subir » traite de l’écriture qui peut être un piège, une forme d’aliénation si les mots qu’on écrit n’éveillent en soi aucune résonance et s’ils sont uniquement au service d’autrui, comme le métier de rédacteur pigiste de l’antihéros de Larocque l’incite à le faire. Mais là, il a fini de subir. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 117-118.