À propos de cette édition

Éditeur
Le Bulletin des agriculteurs
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Bulletin des agriculteurs, vol. 51, n˚ 7
Pagination
38-40 ; 77 ; 79
Lieu
Montréal
Année de parution
1968

Résumé/Sommaire

Virginie Boisvert, la veuve de Mathias, est assise devant le notaire avec ses deux fils et leurs épouses. Sur la chaise demeurée vide – pour le gouvernement qui prend sa part d’héritage, dit le notaire –, Virginie aperçoit soudain Mathias qui écoute ce que dit le notaire. Réconfortée par la présence de son vieux, Virginie n’en voit pas moins ses fils, qui avaient renoncé à leur maigre part de l’héritage, revenir sur leur parole sous la pression de leurs femmes, ce qui va l’obliger à vendre la maison et à aller à l’hospice, car s’ils offrent au début de l’héberger, tant une bru que l’autre trouve soudain des prétextes pour ne pas l’accueillir.

Commentaires

Voilà un texte où le fantastique est bien mince ; seule la présence – momentanée et pas très animée ! – du défunt permet à « La Succession Boisvert » de se trouver dans ce corpus dédié à la littérature de l’imaginaire. Mais d’imaginaire, il y en a bien peu ici et l’intérêt du texte réside essentiellement dans la description d’une situation qui, hélas, fut bien peu rare dans les années soixante au cœur des régions rurales du Québec.

Outre les clichés habituels montrant les travers des uns et des autres – un garçon coléreux, une bru dépensière, une vieille femme dépassée par les événements… –, il y a le constat d’une fracture sociale qui relègue définitivement au passé le métier de petit cultivateur et laisse dans la misère les rescapés de cette époque, surtout des femmes, des veuves qui, sans la présence du mari, apparaissaient souvent totalement désemparées. De fait, la pauvre Virginie est bien surprise de voir que son homme ne réagit pas plus aux évaluations dérisoires de ses biens proposées par le notaire. Et, soumise, sachant trouver son bonheur dans le peu qu’on lui laisse, elle se dira que si Mathias peut venir la voir chez le notaire, il pourra faire de même à l’hospice… en attendant que ce soit elle qui aille le retrouver.

Le lectorat du Bulletin des agriculteurs, essentiellement rural et majoritairement féminin, a dû ressentir plus d’un frisson en lisant ce texte… mais certainement pas en raison de son aspect fantastique ! [JPw]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 99-100.