À propos de cette édition

Éditeur
Mondia
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Contes d'amour & d'enchantement du Québec
Pagination
37-40
Lieu
Laval
Année de parution
1989

Résumé/Sommaire

Depuis sa tendre enfance, Suzelle est fascinée par le vent. À dix-huit ans, elle se rend en Gaspésie afin de voir la mer. Grisée et fécondée par le vent du large, elle donne naissance à des enfants diaphanes qui se transforment en oiseaux. Elle-même finit par s’envoler et par se fondre dans l’azur.

Première parution

Suzelle et le vent 1977

Autres parutions

Commentaires

Les poètes, c’est connu, ont l’âge de leur cœur. Celui de Pierre Chatillon est sans doute encore très jeune car sa poésie a la naïveté et le romantisme de l’adolescence. Émile Nelligan, dont l’œuvre revient à la mode, est le modèle québécois par excellence de cette poésie adolescente.

Depuis une trentaine d’années, Pierre Chatillon entretient en lui cette capacité d’émerveillement devant la vie. Si l’auteur a un style personnel, on parle alors de fidélité à son œuvre. S’il n’en a pas, on dit volontiers qu’il se répète, qu’il n’évolue pas. Pierre Chatillon a une voix personnelle qui n’est pas celle de la modernité mais qui a l’immense avantage d’être compré­hensible et accessible comme se doit de l’être toute véritable poésie.

Son art poétique, il l’exprime clairement dans « Nathalie-le-parfum-rose » : « Je commence à croire, après tant d’années gaspillées en révoltes épuisantes, que l’homme, vaincu d’avance par la mort, n’a rien de plus puissant à opposer à l’horreur que la féérie, et que le comble de la lucidité réside probablement dans la volonté de rêver. »

Dans « Suzelle et le vent » comme dans tous les contes poétiques de L’Île aux fantômes dont ce texte est extrait, le poète cherche la fusion entre l’humain et la nature. Il cherche à transcender sa condition humaine en communiant avec les éléments de la nature : le soleil, la mer, le vent. Il y a chez lui un espoir fou de s’abstraire de la matière pour accéder à une conscience universelle.

Pour le poète, le vent représente la liberté. Son conte est un éloge du monde aérien des oiseaux dont le cerf-volant constitue, aux yeux de l’en­fant, une représentation concrète mais imparfaite dans laquelle il lui est encore possible de s’investir. Mais l’adulte ne saurait se contenter de cet ersatz.

Pierre Châtillon n’évite pas toujours une sentimentalité de guimauve dans ses autres contes mais dans « Suzelle et le vent », le désir d’absolu de son héroïne trouve un mode d’expression approprié dans ce fantastique poétique qui prend la forme du merveilleux. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 51-52.