À propos de cette édition

Éditeur
Fides
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Anthologie de la nouvelle au Québec
Pagination
401-427
Lieu
Montréal
Année de parution
1993

Résumé/Sommaire

Sorti d’un coma de treize semaines, un homme se remémore les circonstances de l’accident automobile qui l’a mis dans cet état et dont il reste l’unique survivant. Mais sitôt commencé, son récit se décompose, il se fragmente en une succession de moments totalement étrangers les uns aux autres, vécus par plusieurs personnes distinctes. Au cours des heures précédant la collision de leurs trois voitures, un pouvoir télépathique va s’emparer du narrateur et le soumettre au point de vue de ses futurs coaccidentés. Ces derniers, huit au total, sont tous morts : six mafieux dans une Caddy, une artiste inconnue brûlant d’une libido exaltée au volant de sa Mustang et un enfant qui passait sur le trottoir.

Première parution

Symphonie déconcertante (La) 1984

Autres parutions

Commentaires

Dans cette longue nouvelle, Jean-Marc Cormier projette un éclairage neuf sur le thème de la télépathie, pourtant surexploité dans les littératures de l’imaginaire. Le télépathe de Cormier est envahi par le point de vue des autres acteurs d’un drame – un accident de la route –, sans égard à la distance, à la filiation ni à tout autre type de lien affectif ou social. Et l’invasion, l’aliénation de ses propres perceptions va s’accentuer à mesure que l’accident se rapproche, le concert dissonant des pensées étrangères va se déchaîner. En tant que phénomène ponctuel ou accidentel, la télépathie survient à un moment déterminant, à une jonction cruciale et commune à toutes les personnes impliquées. Comme si l’événement engendrait l’aptitude à faire connaissance, au moins par l’esprit, avant la convergence ultime des destins.

Pour mettre le lecteur dans l’état d’esprit approprié, l’auteur élabore avec beaucoup de minutie un récit disloqué, kaléidoscopique, comme une symphonie déconcertante, comme une longue cavalcade en saute-mouton à l’intérieur de soi. Mais qui est soi quand on passe des émotions de l’une aux pensées de l’autre ? Surtout que chaque incursion télépathique plonge loin dans l’intimité et la psyché du nouveau soi, très loin, là où se terrent les fantasmes et les mythes, jusque dans la petite enfance, au beau milieu des pulsions, de la douleur et du plaisir, de la peur et du désir. Au risque de déstabiliser le lecteur, Jean-Marc Cormier relève le défi de la complexité avec l’aisance que lui procure une écriture à la fois juste, poétique et précise, maîtrisée en un mot. [RG]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 63.