À propos de cette édition

Éditeur
Le Préambule
Titre et numéro de la collection
Chroniques du futur - 11
Genre
Science-fiction
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
196
Lieu
Longueuil
Année de parution
1987
ISBN
2891330854
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Commentaires

Depuis 1983, Francine Pelletier avait publié régulièrement des nouvelles dans Solaris, imagine… et d’autres revues. Elle avait aussi collaboré à des collectifs importants, comme Dix nouvelles de science-fiction québécoise et Aurores boréales 2. Pour imposer davantage sa présence et son talent, il lui fallait maintenant laisser les coups sûrs aux recrues et s’orienter vers le coup de circuit (lire : publier un roman ou un recueil de nouvelles). Surprise : la voilà qui frappe cette année un grand chelem ! Après Le Rendez-vous du désert, son roman pour jeunes, elle nous présente en effet un recueil de nouvelles dont un texte seulement (« La Migratrice ») était déjà connu.

Sauf le dernier (« La Maison qui dormait »), tous les récits du recueil s’inscrivent dans l’univers qu’elle avait esquissé antérieurement. Le centre de cet univers, c’est la station Asterman en orbite autour de la Terre. À partir d’elle, s’amorcent la colonisation et l’exploitation industrielle des autres planètes.

Déçus de la vie terrestre, de plus en plus de gens ont opté pour la fuite vers l’espace, s’installant sur Ganymède, Titan et plus tard Arkadie. Certains y deviennent travailleurs comme les mineurs de Madox, d’autres se transforment en colons. Les conflits demeurent larvés entre les deux groupes, ou éclatent parfois. D’autres émigrants se proclament migrateurs et aspirent à une vie totalement nouvelle. Dans ce circuit interplanétaire, Asterman acquiert une grande importance politique, scientifique et culturelle.

Francine Pelletier ne s’appesantit jamais dans la description des contextes où se débattent ses personnages. Pas trop de détails donc sur ces microcosmes sociaux qu’elle a imaginés, ni sur les innovations technologiques qui les façonnent. Ce qui l’intéresse, ce sont les humains qu’elle met aux prises avec des réalités nouvelles. Son point de vue est intérieur, son regard introspectif. Pas autant que chez Élisabeth Vonarburg, toutefois, dont on sent l’influence, surtout dans les deux premières nouvelles du recueil.

Envers de la médaille : la primauté accordée aux personnages est telle que l’intrigue souffre parfois de faiblesses. Manque de clarté, de fermeté, de conviction chez l’auteure ? Je ne sais trop. Et lorsque la trame est solide, comme dans « La Petite Fille du silence », le lecteur se sent finalement frustré de ne pas avoir eu tout ce qu’il voulait. « La Maison qui dormait » est une autre nouvelle pleine de richesses, mais elle s’achève aussi sans qu’on en devine totalement le sens.

Et pourtant, quelle intensité dans cette écriture et chez les personnages ! Francine Pelletier maîtrise superbement l’art d’écrire, suffisamment pour devenir peut-être un jour une très grande écrivaine. Mais les conflits, les sources de déséquilibre et de questionnement chez les protagonistes, cela reste trop en vase clos pour interpeller le lecteur. Les événements racontés, très cohérents en soi, n’ont d’intérêt que si on “embarque” dans l’univers fictif d’Asterman. Or, cet univers ne renvoie presque toujours qu’à lui-même, au lieu de représenter de façon mi-allégorique mi-réaliste la réalité que nous connaissons, comme chez Esther Rochon par exemple. Je ne nous reconnais pas dans cet univers.

Contraste, donc, entre une écriture de très grande qualité et un ressort dramatique trop artificiel. Dans ces intrigues fermées sur elles-mêmes, les personnages font pourtant vrai. Toujours passionnés, toujours en mouvement (les plus réussis étant : Alex dans « Là-bas, la mer », et Joena dans « La Petite fille du silence »).

Mouvement intérieur bien sûr, quête de soi, mais aussi mouvement et quête dans l’espace : le recueil ne s’appelle-t-il pas Le Temps des migrations ? En lisant les nouvelles dans l’ordre où elles sont présentées, on assiste à une sorte d’aller-retour. Le mouvement s’effectue d’abord de la Terre vers Ganymède. Puis le pendule revient vers Asterman, pour aboutir en bout de course jusqu’à la Terre.

Après avoir fui son origine pour mieux s’oublier, c’est comme si l’humanité voulait enfin retrouver la mémoire. [DC]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 140-142.

Prix et mentions

Prix Boréal 1988 (Meilleur livre)

Références

  • Desjardins, Claude, L’Avenir de Laval, 21-01-88, p. 12.
  • Grégoire, Claude, Québec français 70, p. 13.
  • Grenier, Jean-Claude, Courrier-Laval, 10-01-88, p. 33.
  • Janelle, Claude, Carfax 45, p. 16-19.
  • Lamontagne, Michel, Solaris 77, p. 33.
  • Le Brun, Claire, imagine… 45, p. 81-82.
  • Lord, Michel, Lettres québécoises 50, p. 35-36.
  • Maurel, Dominique, Nos Livres, avril 1988, p. 27.
  • Mercier, Jacques, Magie rouge 19/20, p. 19.
  • Meynard, Yves, Samizdat 11/12, p. 72-73.
  • Trudel, Jean-Louis, La Rotonde, 08-03-1988, p. 12.