Temps du sculpteur (Le)

En 1950, Albert Villard, sculpteur d’origine française, débarque à Suncork, misérable petite ville texane, voisine d’Amarillo. Dans son état pitoyable, le Frenchie inspire un mélange de pitié et de dégoût à Peter Bragger, propriétaire du magasin général. Bragger est notamment intrigué par cette statuette de femme apparemment vivante que lui offre Villard, mais qu’il refuse. Le magasinier consent cependant à l’héberger dans un cabanon près de sa maison et à lui offrir un poste de pompiste. Dans cette ville de l’ennui, où tous se morfondent, Edward et Lucy Greyd apprivoisent graduellement l’idée de la mort imminente de leur fille Dorothy. Quand le décès survient cependant, Villard, à la grande surprise de tous, ramène la fillette à la vie, puis disparaît, ni vu ni connu.

À l’instar d’autres critiques qui ont commenté ce recueil à sa parution, je m’incline devant la qualité indéniable de l’écriture de Francis Bossus, un style classique, très « littéraire », qui ne casse rien, sans doute, mais qui a le mérite de l’élégance et de la sobriété, en cette époque où la surenchère verbale fait école en littérature québécoise.

Néanmoins, cela ne suffit pas – et de loin – à maintenir l’intérêt du lecteur, car si cette écriture est sans bavures, elle est également sans trouvailles. La part du fantastique dans ce texte est bien mince, quasiment accidentelle et, à la limite, un tantinet gratuite. Académique, cette nouvelle – comme la plupart des autres qui composent le recueil « Quand la mort est au bout » – n’est ni bonne ni mauvaise, ni originale ni inintéressante et, conséquemment, a très peu pour séduire. On en retiendra principalement la description fort juste d’un milieu médiocre et misérable, quelques portraits ébauchés avec une remarquable économie de moyens… guère plus. [SP]

• Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 34-35.