À propos de cette édition

Éditeur
La courte échelle
Titre et numéro de la collection
Roman + - 56
Genre
Fantastique
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
155
Lieu
Montréal
Année de parution
1999
ISBN
9782890213463
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Montréal, 1999 : la manière de jouer de Marlon, un ado de quinze-seize ans, les contrepoints et les envolées qu’il improvise lui attirent les remontrances de la directrice de l’harmonie de son école. New York, 1960 : le talent et la compétence de Marlon lui valent d’être recruté pour jouer dans le quintette de son idole, le saxophoniste Jimmy Falcon. Comme un polichinelle jailli d’une boîte à surprise, Marlon est projeté dans une situation de rêve. Qui tourne au cauchemar presque aussitôt puisqu’il assiste à l’assassinat sordide de l’adulé Jimmy Falcon par des hommes de main de la mafia.

Il aura eu le temps, cependant, de rencontrer et de côtoyer son idole puis d’enregistrer une émission de radio quelques heures avant de devenir le témoin privilégié du meurtre de Falcon et de revenir à son point de départ en 1999. Cet enregistrement radio, transcrit sur disque, attestera la présence éphémère de Marlon aux côtés de Jimmy Falcon pour les audiophiles futurs.

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Commentaires

Déjà, j’en entends qui demandent comment on peut évoluer ici, d’une part, et remonter quarante ans en arrière, en un clin d’œil ou presque, d’autre part. Eh bien, le truc se trouve dans la trompette dont Marlon joue. Mais allez donc croire qu’une trompette serve de pont entre les époques ! Voilà pourtant comment le tout jeune homme se retrouve dans la Grosse Pomme trente-neuf ans plus tôt.

Un peu mêlant tout ça ? Bof, non, pas du tout. Malgré ce que le résumé peut laisser croire, Stanley Péan nous balance tout ça en pleine poire sans tambour ni trompette – enfin, façon de parler –, il jongle avec les éléments de l’histoire avec beaucoup d’aisance et d’habileté, de telle sorte que le lecteur n’est jamais largué et qu’il n’a aucune difficulté à suivre le fil du récit. Ce qui constitue certainement une grande qualité pour un roman jeunesse.

Question étiquette justement, les amateurs de classification risquent d’en perdre leur latin : Péan a produit le livre hors-catégorie typique. Ça n’est pas vraiment de la SF, ni du fantastique, ni tout à fait du réalisme. En fait, le seul élément hors de l’ordinaire se trouve dans la fonction magique de la trompette, qui, un peu à la manière d’un certain violon rouge, organise et fait avancer le récit. Comme mentionné plus haut, on a d’abord affaire à un roman jeunesse. Et même s’il ne sacrifie rien à cette contrainte, Péan connaît le genre, il a déjà fait ses preuves, il connaît les ficelles, ses broches à tricoter sont d’une efficacité avérée. Par exemple, comme nombre de romans jeunesse, l’histoire comporte une dimension morale : elle parle de la chute, de la plongée dans l’enfer des drogues dures où se sont engloutis tant de musiciens talentueux à la suite de Charlie Parker, et de la rédemption par l’art, comme pour John Coltrane.

Au-delà des genres, l’écriture est foisonnante et généreuse, le vocabulaire riche, les ressources de l’écrivain impressionnantes ; il sait narrer, il sait décrire, et le plus souvent, il sait émouvoir. Par ailleurs, et l’évidence crève les yeux, Péan écrit là sur un sujet qui le passionne : quand il cause musique, tout à coup, il s’adresse à un lecteur sans âge, et il vise au cœur. On peut donc dire que Le Temps s’enfuit constitue d’abord et avant tout un texte sur le jazz, sur la passion que cette musique inspire, sur le plaisir qu’elle procure. Péan réussit sans peine à partager sa passion avec le lecteur et il exprime du même coup son bonheur de le faire. Il fait vibrer la corde sensible en chacun des amateurs du genre. Mieux encore, le roman peut très bien servir d’introduction au monde du jazz pour les lecteurs qui connaissent peu le sujet, ceux et celles en somme qui doivent former la plus grande partie du lectorat.

Et puis au-delà de musique et d’étiquettes, Péan aborde d’une manière discrète et intelligente des sujets personnels mais qui touchent tout le monde, et surtout le public adolescent auquel il s’adresse : l’identité, l’ascendance et la filiation, l’exclusion sociale ou raciale. [RG]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 135-136.

Références

  • Brunet, Martine, Québec français 130, p. 111-112.
  • Clément, Michel-Ernest, Lurelu, vol. 22, n˚ 2, p. 44.
  • Desroches, Gisèle, Le Devoir, 20/21-03-1999, p. D 5.
  • Sarfati, Sonia, La Presse, 30-05-1999, p. B 5.