À propos de cette édition

Éditeur
La Parole
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Ferme, vol. XXIX, n˚ 3
Pagination
24-25 ; 28
Lieu
Drummondville
Année de parution
1967

Résumé/Sommaire

Son mari Luc parti pour le travail, la femme s’allonge un peu, pense à son ennui, à leur pauvreté, à son mari qui, à la Noël qui arrivera dans quelques jours, lui achètera comme cadeau un autre objet utilitaire. Soudain, deux hommes entrent sans crier gare et se mettent à empiler victuailles, meubles et vêtements somptueux dans la maison. Elle veut savoir ce qui se passe, ils ne répondent pas, puis une belle dame arrive, lui dit qu’elle est fée ou sorcière, selon ce qu’on croit, et qu’elle est là pour réaliser ses rêves de bonheur. Derrière elle, un magnifique jeune homme, le Prince Charmant, est prêt pour la noce, mais la femme pense à son mari, à Luc, à qui elle ne peut faire cet affront, et voilà que la belle dame devient affreuse et que tout se met à brûler autour d’elle. Lorsqu’elle revient à elle, Luc est à son chevet. La maison est une perte totale – jusqu’à la robe qu’elle portait qui a brûlé, mais la femme n’a subi aucune blessure. Lorsque Luc l’assure qu’il n’y a qu’elle qui compte et qu’ils vont repartir à zéro, elle comprend qu’il l’aime plus que tout.

Commentaires

Dans « La Tentation de Noël », le fantastique est dans la lignée du fantastique traditionnel : nous sommes à la veille de Noël et le miracle qui viendra tenter la pauvre femme est le fait d’une vilaine sorcière. Heureusement, nous dit l’auteure, telle une épouse modèle, la jeune femme saura repousser la tentation pour ne pas nuire à son mari et, malgré l’incendie dévastateur, le final, puisque le couple a tenu, sera du genre « tout est bien qui finit bien » !

On peut rapprocher cette nouvelle, écrite par une main féminine et parue dans La Ferme, une revue dont le lectorat, essentiellement rural, était néanmoins très féminin, de celle de Claude Jasmin, « Un tout petit voyage… », parue sept ans plus tôt dans Châtelaine, une revue qui visait plutôt les lectrices citadines. Si l’une et l’autre préservent les conventions morales de l’époque – mais on aura vu que, dans le texte de Jasmin, l’ordre moral n’est rétabli à la toute fin que par une élégante pirouette –, le traitement est diamétralement opposé. Dans « La Tentation de Noël », la femme est soumise, l’autorité du mari ne se discute pas. L’épouse éprouve même une saine crainte devant le maître du foyer, à preuve ce passage alors qu’elle ne sait plus que faire devant les inconnus qui emplissent la maison de choses merveilleuses : « Non, non et non ! cela avait assez duré !… Mon mari serait furieux quand il rentrerait. Il dirait que je souffre encore de la manie des grandeurs. Et il m’enguirlanderait… me battrait peut-être. Qui sait même s’il ne divorcerait pas ? » Pas de révolte contre ces manières, dans cette tirade, pas de remise en question, simplement une constatation : c’est ainsi et c’est tout.

Finalement, malgré l’incendie, la fin est heureuse : Luc et sa femme s’aiment, cette épreuve n’aura servi qu’à renforcer leur amour. Quant au texte, écrit correctement mais dont la manière et le propos, n’eut été la mention des appareils électroménagers, n’auraient pas surpris au XIXe siècle, il se laisse facilement oublier tant il n’apporte rien de neuf au corpus. [JPw]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 140-141.