À propos de cette édition

Éditeur
Stop
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Stop 134
Pagination
43-46
Lieu
Montréal
Année de parution
1994
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Jos Bouchard vit au Saguenay–Lac-Saint-Jean avec sa femme, Maria. Récemment retraité, il occupe ses mains d’ouvrier du mieux qu’il le peut, notamment en construisant une réplique miniature de sa maison. Lorsque sa chienne Pommette se fait heurter à mort par un véhicule, Jos et Maria sont dévastés, jusqu’à ce qu’apparaisse Ti-Jos, un farfadet qui propose au retraité un marché impossible à refuser : si Jos accepte d’écrire un mot d’excuse à chacun de ses six fils, Ti-Jos ramènera Pommette à la vie.

Commentaires

« Ti-Jos » est un court récit qu’on pourrait classer dans la catégorie conte presque aussi bien que dans la catégorie nouvelle. La langue orale, même dans la narration (« Jos y pleure, Jos y s’berce »), rapproche le récit du conte, ainsi que le phénomène surnaturel qu’on trouve dans le récit et la réaction du protagoniste : Jos Bouchard est en effet surpris, voire fasciné par Ti-Jos Lupinus Le Flamboyant, le « farfadet feu follet ». Surtout, le récit propose une relation entre le personnage principal et la créature surnaturelle comparable à celles qu’on trouvait dans le conte fantastique du XIXe siècle – le marché conclu entre Jos et Ti-Jos ne s’apparente-t-il pas, d’une certaine manière, à celui qui fut passé entre les bûcherons et le diable dans « La Chasse-galerie » ?

L’intérêt de ce récit de Jacques Perreault réside en ce qu’il recèle à la fois le caractère vernaculaire de la culture québécoise, un soupçon de critique sociale (« Le vétérinaire a fait ce qu’on ne fait pas avec les humains, il a abrégé les souffrances de la petite bête. ») ainsi qu’une belle exploration de la solitude humaine, faite au moyen de la description du quotidien (et du passé) de Jos Bouchard : ses aptitudes manuelles qui l’ont confiné à un travail à l’usine toute sa vie le suivent dans sa retraite, question de lui permettre de combattre l’oisiveté propre aux hommes de sa génération qui ne ressentent aucun appel du travail intellectuel. Jos Bouchard vit dans le passé plus que dans le présent : ses occupations sont un rappel constant de sa vie passée à travailler, mais aussi un « hommage » à ses ancêtres : « Il a cueilli les pierres du solage dans le même champ où Adélard Bouchard, son grand-père, avait récolté les siennes ». Seulement, Jos accorde plus d’importance à ce passé qu’au présent ou qu’à l’avenir (sa propre descendance).

La finale, forte, constitue le point d’orgue d’un récit témoignant d’une belle sensibilité : les six lettres envoyées aux six fils sont acheminées, respectivement, à Bordeaux, à Donnacona, à Sainte-Anne-des-Plaines, à Orsainville et à Parthenais, le lecteur pouvant alors comprendre que les six fils vivent en prison. « Vous devriez voir Jos promener sa Pommette, c’est plus l’même homme », indique la phrase finale, une belle ellipse. [SL]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 149-150.