À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Planète rebelle
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Format
Livre
Pagination
34
Lieu
Montréal
Année de parution
2000
ISBN
9782922528176
Support
Papier + CD

Résumé/Sommaire

Ti Pinge, fillette orpheline, vit avec la méchante Madame M. Un jour que Madame M fait la cuisine, elle s’aperçoit que le feu s’est éteint. Elle quitte la maison et marche en direction de la forêt afin de trouver des brindilles et du bois sec. Là, elle fait la connaissance de Granbwa, le maître des bois, grand comme un arbre et mince comme un spaghetti. Le personnage offre son aide à la femme qui le remercie en lui donnant Ti Pinge en cadeau. Le plan de Madame M est le suivant : le lendemain soir, l’enfant vêtue de rouge ira à la rivière et Granbwa la prendra. Mais Ti Pinge a tout entendu. Elle et ses petites amies déjouent le maître des bois en s’habillant toutes de rouge. Très fâché, il vient se plaindre à Madame M. Celle-ci promet que, demain, Ti Pinge sera vêtue de bleu. Le même manège se reproduit, en tout trois fois. Granbwa se venge en emportant Madame M dans les bois. Ti Pinge est enfin délivrée de la méchante dame et peut couler des jours heureux.

Autres parutions

Rééditions Traductions Anglais

Commentaires

Ti Pinge est un conte exemplaire. Visuel, sonore, accompagné de musique et de bruits, il rend à merveille cette histoire classique d’une enfant aux prises avec une marâtre et un ogre. Il est difficile de séparer le conte de sa voix : Joujou Turenne.

En préambule, la conteuse parle de ses ancêtres. À partir de cette filiation fabuleuse qui traverse le temps et l’espace, le décor est planté et le récit peut alors commencer. Celle qui parle appartient au conte car elle y joue le rôle de témoin. Mais plus qu’une instance narrative, elle est la « vérité » du conte, c’est-à-dire sa conscience, la garantie que cette histoire appartient bel et bien au domaine de l’imaginaire. La surenchère verbale (« Je vous parle de bananiers dont chaque feuille fait trois fois la longueur de mon bras ») et symbolique du conte (l’apparence phallique de Granbwa : « plus grand que les arbres… maigre comme un spaghetti ») trouve sa contrepartie dans la figure rieuse et charmante de la conteuse, présence vivante et réelle.

Surtout, Joujou Turenne est née en Haïti. Les références à sa culture d’origine abondent et donnent vie et chaleur au récit. Mais Ti Pinge est plus qu’un récit à saveur traditionnelle. Le ton est ici résolument moderne et le public est sollicité dans sa mémoire et dans sa connaissance du genre.

Si la libération de Ti Pinge occupe le centre de l’histoire, notons que celle-ci se fait au milieu d’un jeu identitaire constant : de l’anonyme madame M à la multiplication des Ti Pinge, à Granbwa qui lance son nom à tout vent. C’est ici que le conte touche à l’universel et autorise le glissement vers des réalités actuelles. À travers Ti Pinge, Joujou Turenne nous parle du drame des enfants maltraités. Comme le souligne si bien l’auteure, le conte nous habitue à des finales heureuses, ce qui est loin d’être le cas dans la réalité.

Ti Pinge est conçu avant tout comme un spectacle avec musiciens et effets sonores. Pour vraiment apprécier ce beau conte, le lecteur devra faire jouer le CD-ROM accompagnant le livre. [ML]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 182-183.

Références

  • Michaud, Sophie, Lurelu, vol. 30, n˚ 1, p. 45.
  • Péan, Stanley, Le Libraire 11, p. 8.
  • Péan, Stanley, La Presse, 11-03-2001, p. B2.