À propos de cette édition

Éditeur
Héritage
Titre et numéro de la collection
Katimavik
Genre
Science-fiction
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
282
Lieu
Saint-Lambert
Année de parution
1974
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Thomas, Marie-Noël et Pascal Loriot, dont le père est médecin, accueillent chaque été leurs cousins Alain et Yves Renaud, dont les parents sont ingénieurs, dans leur vaste maison située dans le village des Éboulis. Cette année-là, Claire, l’amie de Marie-Noël, est de la partie. Comme à chaque été, les enfants passent plusieurs jours à jouer à un jeu de rôle très élaboré où, en camping dans le bois voisin, ils incarnent des personnages fantaisistes en fonction d’une aventure préparée longtemps à l’avance. Cette année-là, le scénario est celui d’un astronef et de son équipage, vaguement inspiré de la série Star Trek. Mais lors de la première nuit passée à la belle étoile, une météorite s’écrase près de leur campement.
Alain, la tête pleine du jeu, va voir de plus près, pour se rendre compte, avec stupéfaction, qu’il s’agit en réalité d’un OVNI s’étant écrasé. À l’intérieur, son unique occupant est encore en vie : il s’agit de Titralak de Tachyon, un petit alien aux traits félins et cadet du vaisseau-école Tyknaus II. Alain ne tardant pas à avertir les autres jeunes adolescents de sa découverte, le groupe décide d’entrer en communication avec l’étranger, grâce à un appareil nommmé « translateur de pensée » que transporte Titralak. Décidés à aider l’infortuné félinoïde à l’insu des adultes (puisque dans leur imaginaire, ces derniers ne peuvent que faire du tort), les jeunes ont tôt fait de le déguiser en « Japonais » pour qu’il puisse passer incognito. Or, ce que Titralak n’a pas compris, c’est que ses nouveaux amis confondent le monde imaginaire de leur jeu de rôle avec la réalité d’un premier contact extraterrestre…

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Commentaires

La romancière pour la jeunesse qui nous a donné le remarquable Surréal 3000 nous revient cette fois avec un récit qui, sans être du calibre de son roman précédent, demeure néanmoins d’une lecture agréable, au rythme soutenu mais dont l’intrigue s’essouffle singulièrement dans la seconde moitié du récit. En effet, si l’incipit et ce qui suit est d’une originalité certaine parce que construit sur le mode du piège diégétique et de la surprise qui lui va de pair, le tout sous le regard quelque peu naïf de jeunes adolescents, la seconde moitié du roman, ma foi sans réel intérêt, se perd dans une sous-intrigue mal ficelée et passablement invraisemblable rappelant les mauvais thrillers d’espionnage, le tout agrémenté d’un (détestable) happy end dont on comprend toutefois qu’il obéit à des contraintes extérieures, imposées par le lectorat cible.
C’est donc pour sa première moitié que Titralak, cadet de l’espace se démarque. J’avoue d’emblée être tombé dans le piège savamment orchestré par Martel, moi qui me targue d’être trop souvent insensible à ce type de procédé. Le roman débute en effet précisément comme le ferait un énième clone littéraire d’un space opera à la sauce pulp dans ce qu’il a de plus kitsch : fusées rutilantes, vaste cosmos à explorer, appareils pseudo-technologiques colorés, personnages unidimensionnels et clichés, aventures épiques, et tutti quanti. Les clichés, caricaturaux à souhait, se succèdent jusqu’à plus soif, donnant à l’ensemble une saveur rappelant autant Perry Rhodan que IXE-13, autant Barbarella que Star Trek. On y croit, en se disant que Martel connaît son public cible et lui livre précisément ce qu’il demande – jusqu’à ce que se révèle le pot aux roses : il ne s’agit que d’un jeu de rôle grandeur nature aux règles compliquées et au scénario préalablement élaboré des mois à l’avance qu’incarne avec passion une bande de préadolescents en vacances. Martel excelle ensuite à nous livrer les impressions de ses jeunes protagonistes, somme toute attachants dans leur naïve interprétation des événements auxquels ils sont confrontés.
Cet incipit est d’ailleurs très important pour la suite, puisqu’il va teinter les réactions des personnages devant la réalité du contact avec un extraterrestre. Complètement immergés dans les personnages qu’ils se sont inventés pour le bien du jeu, les protagonistes vont ainsi se présenter comme étant les membres d’un vaisseau spatial, et Titralak va les croire sur parole, remettant son sort dans les mains de ceux qu’il croit – à tort, bien sûr – être des scientifiques et des explorateurs dotés d’une technologie beaucoup plus avancée que la sienne. C’est original et rafraîchissant ; et c’est bien dommage que le roman ne s’arrête pas au moment où Titralak se rend compte de la supercherie.
La suite prend ainsi une tournure rocambolesque et franchement invraisemblable alors que les jeunes vont de péripéties en péripéties sur le mode espionnage afin de réparer eux-mêmes le vaisseau de l’alien (!), le tout à l’insu des adultes et des membres du gouvernement dépêchés sur les lieux pour enquêter sur l’écrasement d’une boule de feu. On n’y croit pas, bien que l’on comprenne que cette seconde partie s’adresse directement au lectorat plus jeune, avide d’aventures et de sensations fortes. Je l’ai dit, c’est dommage – car sans cela, Titralak, cadet de l’espace aurait été sans conteste un roman rivalisant, en termes de qualité, avec Surréal 3000. [MRG]

  • Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 307-308.

Références

  • Le Brun, Claire, imagine… 15, p. 89-90.
  • Lortie, Alain, Requiem 16, p. 15.