À propos de cette édition

Éditeur
Association des auteurs des Cantons de l'Est
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Passages 10
Pagination
36-39
Lieu
Sherbrooke
Année de parution
1986
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Trois heures du ménage. Dans cette ville où on ne sort pas la nuit à cause des dangers occasionnés par la purification de l’air, un homme se penche à la fenêtre pendant que sa partenuit prend une douche au synteau. Il aperçoit une ombre qui s’approche de la maison. Voyant l’ombre elle aussi, la femme demande à l’homme de s’en aller. Car celui qui s’approche est sans doute le partéternel envoyé par l’agence de rencontre spatio-temporelle où elle s’est inscrite. La femme est lasse des partenuits et désire « avoir un certain contrôle sur mes déterminismes sociogénéticamours ». Mais le visiteur n’est qu’un conseiller de l’agence et il lui apprend que le partenuit éconduit était son partéternel.

Commentaires

Cette nouvelle courte et intéressante nous surprend d’entrée de jeu par le langage futuriste qu’elle véhicule. Dès la quatrième ligne, notre attention est alertée par cette formule inattendue : « qu'est-ce qu'il peut fabriquer dans le dehors ? » (en parlant de l’ombre qui rôde autour de la maison). Tout le long du texte, le langage est d’ailleurs le principal objet d’intérêt. Les néologismes sont bien trouvés (dansefeels, fleurflirts, etc.). L’argot super-branché inventé par l’auteur produit des phrases compréhensibles et même belles : « Tu es dans l'angoisse » (p. 37), « J'en ai rien à boum » (p. 37), « Tu as une façon assez tech d'expédier les partenuits » (p. 37). Très proche de celui créé par Anthony Burgess dans L’Orange mécanique, le langage futuriste de Jean-Claude Favreau est concis, clair, imagé et efficace.

On ne peut pas en dire autant de l’histoire. En quelques mots, Favreau réussit bien à nous plonger dans une ville étrange où le temps est calculé en fonction du ménage de l’air. La relation épidermique entre les deux partenuits est crédible, elle aussi, justement à cause du langage marqué de superficialité et d’instantanéité. Dans le monde inventé par l’auteur, on devine que prendre son temps n’a plus sa place et que c’est la loi de l’instant qui prime. En ce sens, cet univers fictif nous donne un aperçu de ce que pourrait être le nôtre dans un proche avenir. Tout cela est très réussi, mais malheureusement, la fin de la nouvelle ne possède pas la clarté que l’on souhaitait. Je n’ai pas très bien saisi la nature du voyage spatio-temporel offert par l’agence de rencontre à ses clients, ni les raisons qui ont causé le malentendu entre les deux partenuits. Il arrive ainsi parfois qu’une seule faiblesse suffise à faire passer un texte potentiellement brillant dans le camp des textes plus ordinaires. [DC]

  • Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 67.